mercredi 31 août 2016

Police

"Depuis son entrée dans la police, elle a vu un père enfermer son fils dans un frigo pour le punir et l'y oublier, (...) un enfant survivre à une chute du quatrième étage. Elle a vu surnager tout cela parmi les mille tâches ingrates qui forment son ordinaire, elle est allée perdre sa tranquillité d'âme dans des mauvais lieux, obligée de vivre au-dessus de l'étonnement, pour un salaire à peine décent, et elle se demande toujours comment elle n'a pas les yeux sales, stupéfaite qu'ils n'aient pas conservé, dans leur profondeur, le pâle reflet de la misère".


Auteur : Hugo Boris
Editeur : Grasset
Genre : Contemporain
Date de parution : 24 août 2016
Nombre de pages : 198
Prix : 17,50 €
Prix Kindle : 12,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.
Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.
En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?


Mon Avis

Troisième roman de la rentrée littéraire, et encore une réussite. Encore un coup de poing que je n'avais pas vu venir. Police, un titre en miroir. Un reflet d'un réalisme saisissant.

Ce roman débute un début de soirée et finit aux jeunes heures de la nuit. Un temps très court certes, mais intense. Police narre l'histoire de trois gardiens de la paix, chargés de récupérer un détenu Tadjik pour l'emmener à l'aéroport, afin qu'il rejoigne la Turquie. Parmi ces trois gardiens de la paix, il y a Virginie, jeune maman d'un petit garçon de quinze mois, mariée à un homme qui ne la regarde plus. On apprend vite qu'elle a un amant dont elle est enceinte. L'avortement est programmé pour le lendemain. L'amant, parlons-en, puisqu'il s'agit justement de son collègue Aristide, qui disons-le est un gros lourd macho, mais qui renferme tout de même une sensibilité. Enfin, il y a Erik, leur supérieur, loyal, droit, honnête, qui aspire secrètement à une vie plus calme, loin de son quotidien. Au milieu d'eux, dans la voiture, Asomidin Tohirov, maigre, silencieux, terrorisé car il ne comprend pas ce qu'il lui arrive, "il n'est déjà plus du côté de la vie". Grâce à une enveloppe qu'elle a décachetée, Virginie apprend que Asomidin est victime d'une grossière erreur de procédure. S'il retourne d'où il vient, il sera tué. Il ne devrait pas être expulsé. Virginie en est consciente et décide d'agir. Ses deux collègues sont en proie au doute. Leur faut-il obéir aux ordres et oublier la part d'humanité qui les habitent ?

Dès les premières pages, nous sommes happés par l'histoire. Les phrases sont longues, mais les images se succèdent si rapidement dans notre esprit que le rythme en est haletant. On commence par faire la connaissance de Virginie au commissariat. Les dialogues entre collègues, la camaraderie qu'ils affichent sont très réalistes.
Lorsque Virginie et les autres savent que ce pauvre Asomidin a été torturé dans son pays et qu'à cause d'une erreur de procédure, il va devoir y retourner, la tension devient palpable. Si Aristide se rallie à Virginie, Erik doute. Que faire ? Obéir ou désobéir aux ordres ?

Ici, les trois protagonistes sont mis à nu. Virginie culpabilise, Aristide n'accepte pas l'IVG de cette dernière et se découvre une sensibilité qu'il ne connaissait pas, Erik tente tous les soirs, lorsqu'il revient chez lui, de faire partir l'odeur de cadavre sur ses vêtements, sur son corps, jusqu'à l'obsession. Bref, sous l'uniforme, on découvre des personnages profondément humains.
Quant à Asomidin, c'est un personnage quasi-fantomatique, muré dans son silence, paralysé par la peur.

Dans ce huis clos, il y a peu d'action. Pas d'effusion de sang. Aucune arme n'a été utilisée. Cependant, la scène de la piste de l'aéroport m'a touchée en plein cœur. Ce livre est de l'émotion à l'état brut. Il donne à réfléchir sur la notion même du devoir, sur l'humanité, sur la prise en main de sa vie.

Toutefois, j'ai été un peu déçue par la fin ouverte. Je me suis tellement attachée aux personnages que j'aurais aimé avoir un peu plus d'informations sur leur devenir. Mais est-ce vraiment important finalement ?

En conclusion, Police est un livre actuel sur quatre vies humaines. Trois sont gardiens de la paix, un est un ex-détenu courant vers une mort certaine. On ne peut qu'apprécier la profondeur humaine de ces trois personnages, avec leurs doutes, leurs failles, leurs espoirs. Un roman court mais intense émotionnellement que je ne peux que vous recommander.


Ma note : 18/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^










lundi 29 août 2016

Voici venir les rêveurs

"— Que le miracle dure toujours, eh ? dit-il.
— Que le miracle dure toujours, approuva-t-elle. Qu'il dure tant que le soleil se lève et qu'il se couche."


Auteur : Imbolo Mbue
Titre VO : Behold the Dreamers
Traduction : Sarah Tardy
Editeur : Belfond
Genre : Contemporain
Date de parution : 18 août 2016
Nombre de pages : 300
Prix : 22 €
Prix Kindle : 14,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Aux Etats-Unis et au Cameroun, en 2007.
Nous sommes à l'automne 2007 à New-York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxi, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va pouvoir enfin offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n'est simple au pays de l'American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque, se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nouveaux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...

Mon Avis

Le titre lui-même fait rêver, non ? Voici venir les rêveurs. Je remercie les éditions Belfond et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce nouveau titre avant sa sortie.

Jende Jonga, sa femme et son fils ont quitté leur village camerounais pour venir s'installer à New York. Jende travaille sans relâche, jour et nuit, pour sa famille. Après avoir fait des années de plonge et d'autres en tant que chauffeur de taxi, le voilà embauché grâce à son cousin Winston devenu avocat d'affaires, comme chauffeur pour un des banquiers de la Lehman Brothers, Clark Edwards. Un travail mieux rémunéré, même si Jende ne compte pas ses heures. Neni, la femme de Jende, suit des études de pharmacie avec brio. Leur fils Liomi est un excellent élève et s'adapte bien à sa nouvelle vie. Jende et Neni ont hâte d'obtenir leur green card, leur sésame pour devenir citoyens américains. Tout se passe bien. Mais les choses se gâtent lorsque la demande d'asile de Jende est refusée. Ils peuvent donc être expulsés d'un jour à l'autre, ce qui les plonge dans un stress permanent. D'autre part, les problèmes conjuguaux des Edwards empiètent sur le travail de Jende. Mais un événement grave va tout faire basculer. La crise financière de 2008, la chute de la Lehman Brothers mettent en péril l'American Dream des Jende... et des Edwards par la même occasion. Les masques tombent. Les personnages révèlent leurs côtés les plus sombres, surtout lorsqu'il s'agit d'ambition, d'argent, de réputation.
Jende et Neni verront-ils leur rêve américain se réaliser ?

Il y a clairement deux parties distinctes de ce roman. La première est un peu plate, remplie d'images conventionnelles. L'immigré camerounais, travailleur pauvre, se met au service de la famille Blanche américaine, celle qui a réussi, celle qui est riche, celle qui est unie. Du moins en apparence.
Par ailleurs, dans cette première partie, j'ai bien apprécié la complicité entre Jende et Clark. Jende est très respectueux vis-à-vis de ce dernier et de sa famille. Il leur souhaite véritablement le meilleur, il est prêt à tout pour les satisfaire. Jende a des valeurs, des valeurs d'honnêteté, de discrétion et de loyauté. C'est ce que j'aime chez ce personnage.
La rencontre entre les familles de Jende et de Clark est surtout la rencontre de deux cultures, chacun possédant des idées reçues vis-à-vis de l'autre. Certains dialogues d'ailleurs m'ont bien fait rire.

Au-delà de la situation des Jonga qui démarre plutôt bien aux Etats-Unis, au-delà du rêve, de l'ambition, la dure réalité les rattrape : la demande d'asile de Jende est rejetée.  Dans la seconde partie du roman, le rêve peut se briser d'un jour à l'autre. La peur et le stress transforment les personnages et ceux-ci dévoilent de nouveaux visages : Jende devient un mari agressif, toujours sur les nerfs, parfois même violent ; Neni devient manipulatrice, surtout lorsqu'il s'agit d'argent, et elle est prête à sacrifier sa famille pour rester en Amérique.

Du côté des Edwards, là aussi le rêve américain s'effondre. La Lehman Brothers fait faillite. Clark, déjà obsédé par son travail, s'engouffre encore plus dans son travail et délaisse complètement sa femme et son jeune fils. La chute de la banque a terni à la réputation de la famille. Des rumeurs courent. Vince, le fils aîné de Clark, est parti en Inde trouver "la Vérité". Se sentant abandonnée de tous, Cindy, l'épouse de Clark, se réfugie dans l'alcool et les médicaments.

En conclusion, Voici venir les rêveurs est un roman résolument actuel sur l'immigration, sur l'espoir d'une vie meilleure, sur l'ambition, sur le rêve, sur l'effort puis sur la désillusion. Jende pensait acheter une maison et une belle voiture, et surtout offrir une meilleure vie à sa femme et à son fils. Neni pensait que la vie américaine était semblable à celle du Prince de Bel-Air. Les Edwards se croyaient invulnérables. Des deux côtés, la réalité les rattrape tous. Elle leur fait comprendre une seule et unique chose : l'importance de la famille. La notion même du "chez soi". Il paraît que ce roman va être adapté au cinéma. J'ai hâte de le voir.


Ma note : 17/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^












C'est Lundi, que lisez-vous ? #08

"C'est lundi, que lisez-vous ?" est un rendez-vous inspiré de It's Monday, What are you reading ?, repris par Galleane. Le récapitulatif des liens se fait sur son blog.

Chaque lundi, on répond à trois questions :
1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?


La semaine passée, j'ai lu :



Je ne suis pas fière de moi car cette semaine (et la semaine dernière d'ailleurs) je n'ai lu qu'un seul livre... Mon excuse : la préparation de la rentrée scolaire. Oui, on va dire ça ^^
Après Yaak Valley, Montana, j'ai lu un deuxième roman de la rentrée littéraire : Voici venir les rêveurs, qui est également un premier roman. C'est une réussite. Ce n'est pas un coup de cœur, mais je pense qu'on entendra parler de cette auteure au talent prometteur. Je vous en parlerai cette semaine sur le blog, bien entendu.


En ce moment, je lis :


Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.

Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.

En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?




Ma prochaine lecture :



Articles publiés la semaine dernière :


Je vous souhaite à tous et à toutes une excellente semaine de rentrée et de belles lectures :)

A bientôt pour une prochaine chronique ^^


mardi 23 août 2016

Yaak Valley, Montana

"Je vais dire une chose qu'on n'a pas le droit de dire : on ne l'a pas suffisamment aimée. Je ne l'ai pas protégée. Protégée de nous-mêmes. Je passe ma vie dans des foyers d'accueil à sauver des gamins. C'est mon boulot, OK ? Et je n'ai pas sauvé ma propre fille."


Auteur : Smith Henderson
Titre VO : Fourth of July Creek
Traduction : Nathalie Peronny
Editeur : Belfond
Genre : Contemporain
Date de parution : 18 août 2016
Nombre de pages : 500
Prix : 23 €
Prix Kindle : 6 € (en VO)

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture


Dans le Montana, en 1980.
Autour de Pete, assistant social dévoué, gravite tout un monde d'écorchés vifs et d'âmes déséquilibrées. Il y a Beth, son ex infidèle et alcoolique, Rachel, leur fille de treize ans, en fugue dans les bas fonds de Tacoma, Luke, son frère, recherché par la police. Et puis il y a Cecil l'adolescent violent et sa mère droguée et hystérique, et ce jeune Benjamin, qui vit dans les bois environnants, avec son père, Jeremiah Pearl, un illuminé persuadé que l'apocalypse est proche, que la civilisation n'est que perversion et que le salut réside dans la survie et l'anarchie. Pearl qui s'est exclu de la société, peut-être par paranoïa, peut-être aussi pour cacher qu'il aurait tué son épouse et leurs cinq enfants.
Au milieu de cette cour des miracles, Pete pourrait être l'ange rédempteur, s'il n'était pas lui-même complètement perdu...

Mon Avis

Ce premier roman de Smith Henderson me tentait beaucoup. Je savais que ce serait un livre fort. Mais je ne m'attendais pas à me prendre des claques à chaque chapitre. Vous l'aurez deviné, ce roman est un chef-d'œuvre. Rien que ça. Je remercie par ailleurs les éditions Belfond et NetGalley pour me l'avoir fait découvrir avant sa sortie.


Pete Snow est assistant social dans le Montana. Ses dossiers sont très loin d'être évidents à gérer, c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, au début du roman, Pete intervient après une violente bagarre entre Cecil, un adolescent instable, et sa mère, une droguée qui ne travaille pas (et qui ne veut pas travailler). Pete se préoccupe surtout du sort de la petite Katie, la sœur de Cecil, qui s'est cachée dans la maison, en état de choc.
Par ailleurs, Pete s'intéresse aussi à un jeune garçon, Benjamin, qui s'est introduit dans un collège. Il apprend que ce dernier vit dans les bois avec son père, Jeremiah Pearl, un fou obsédé par la religion, en guerre contre tout le monde et persuadé que le monde court à sa perte.
Au milieu de toute cette misère, Pete a lui aussi des problèmes personnels à gérer : son ex-femme alcoolique décide d'emmener sa fille de quatorze ans au Texas. Mais au bout de quelques semaines, Rachel fugue et demeure introuvable. De son côté, Luke, le frère de Pete, a frappé son contrôleur judiciaire et est en cavale. Bref, terriblement seul, Pete va devoir se démener pour aider les autres et les siens.

Smith Henderson nous dépeint ici une société malade, au cœur de l'Amérique profonde du fin fond du Montana. On est confrontés à des familles brisées par la violence, la drogue, l'alcool, la déscolarisation, le chômage. Les personnages sont forts, complexes, déséquilibrés mais certains deviennent attachants au fil des chapitres. En effet, l'excellente narration mise en place par l'auteur et les quelques révélations sur leurs passés chaotiques permettent à nous, lecteurs, de mieux les comprendre. Ces personnages qui nous ont alors dégoûtés se révèlent profonds et attachants. On est face à une génération perdue, vulnérable et désemparée, attirée parfois par les dérives dangereuses de la religion. Vous l'aurez compris, on est à des milliers d'années-lumière de l'American Dream...

Pete est certainement le personnage que j'apprécie le plus. Il est prêt à tout pour aider les familles dont il s'occupe. Mais surtout, ce qui lui importe, c'est le sort des enfants. Il travaille jour et nuit, et même s'il a des passages à vide, il ne renonce pas. C'est un personnage profondément humain, décidé à retrouver sa fille par tous les moyens. Cependant, il a également ses travers. Ses problèmes avec son ex-femme et sa fille le plongent régulièrement dans l'alcool, parfois même dans la drogue. Néanmoins, avec ses problèmes personnels et toute cette misère sociale à laquelle il est confronté tous les jours, est-ce étonnant finalement ? Bref, Pete n'est pas un assistant social irréprochable, mais il fait de son mieux.
Par ailleurs, l'auteur met l'accent sur la situation des éducateurs et des assistants sociaux qui disposent de très peu de moyens pour faire convenablement leur métier.

L'auteur égratigne également la police et la justice américaines, toutes deux inefficaces pour lutter et prévenir toutes ces dérives. La justice est représentée par le juge Dyson, gros, gras, obèse, riche, qui ne pense qu'à la campagne présidentielle, et qui se fiche des laissés-pour-compte. Quant à la police, elle se montre violente et peu respectueuse envers les citoyens qu'elle doit protéger.

Ensuite, autre fait marquant de ce roman : le style de l'auteur. Puissant et brillant. Dans ce récit à la troisième personne, le narrateur n'hésite pas à employer la deuxième personne pour interpeller le lecteur, sans que cela soit gênant. Le vocabulaire est évidemment familier, mais là encore cela ne m'a pas posé de problème.
Une particularité brillante de ce style ? A la fin de chaque chapitre, le lecteur se heurte à des questions/réponses concernant la situation de Rachel. Cela ressemble à un dialogue entre le narrateur et Rachel (ou entre deux narrateurs différents ?). Ainsi, le lecteur a le point de vue de Rachel d'une manière très originale. J'ai trouvé cette idée intelligente et brillante.
Enfin, je tiens à souligner l'excellent travail de la traductrice, qui a su brillamment retranscrire l'intensité des mots de l'auteur. 

En conclusion, Yaak Valley, Montana est un roman fort, puissant et percutant qui dépeint une société américaine malade. L'auteur nous montre une Amérique isolée et abandonnée, habitée par une génération perdue et désemparée. Dans toute cette misère, Pete essaie d'aider tant bien que mal ces enfants vulnérables, en dépit de tous ses problèmes personnels. Et si Pete n'était pas si différent de tous ceux qu'il essaie d'aider ? Réussira-t-il à retrouver sa fille et à aider Cecil, Katie et Benjamin ? J'ai lu quelque part que ce roman était en passe de devenir un classique aux Etats-Unis. Rien d'étonnant en ce qui me concerne. En tout cas, ce fut un véritable coup de cœur pour moi.

Ma note : 20/20

COUP DE COEUR




A bientôt pour une prochaine chronique ^^










lundi 22 août 2016

C'est Lundi, que lisez-vous ? #07

"C'est lundi, que lisez-vous ?" est un rendez-vous inspiré de It's Monday, What are you reading ?, repris par Galleane. Le récapitulatif des liens se fait sur son blog.

Chaque lundi, on répond à trois questions :
1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?


La semaine passée, j'ai lu :



La semaine dernière, je me suis plongée dans les romans de la rentrée littéraire grâce à NetGalley et aux éditions Belfond, que je remercie encore.
J'ai découvert là un excellent roman, avec un style narratif brillant et des personnages complètement déséquilibrés. Smith Henderson dépeint là une société américaine malade depuis le fin fonds du Montana des années 80. Drogue, alcool, violence, prostitution, paranoïa, folie : rien n'est épargné aux personnages. Edifiant, parfois choquant, terriblement saisissant. J'ai lu quelque part que Yaak Valley, Montana est en passe de devenir un classique aux Etats-Unis. Cela ne m'étonne pas du tout. Evidemment, je vous en dirai plus dans une toute prochaine chronique.


En ce moment, je lis :


Aux Etats-Unis et au Cameroun, en 2007.
Nous sommes à l'automne 2007 à New-York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxi, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va pouvoir enfin offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n'est simple au pays de l'American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque, se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nouveaux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...


Ma prochaine lecture :




Articles publiés la semaine dernière :

Je vous souhaite à tous une excellente semaine et plein de belles découvertes livresques :)

A bientôt pour une prochaine chronique ^^












jeudi 18 août 2016

L'Eté du cyclone

"J'aimerais me souvenir de tous les détails de l'apparence de Nick à ce moment-là, de son expression, de sa silhouette qui se découpait contre le bâtiment gris de la gare, parce que je n'allais plus le revoir avant l'été de 1938, l'été où le cyclone est passé et a tout emporté dans son sillage."


Auteur : Beatriz Williams
Titre VO : A Hundred Summers
Traduction : Julia Taylor
Editeur : Pocket
Genre : Romance historique
Date de parution : 23 juin 2016
Nombre de pages : 480
Prix : 7,80 €


4e de couverture

Lily, tenue par le charme discret de la timidité, et Budgie, débordante de cran et d'assurance, sont amies depuis l'enfance. Si différentes mais inséparables, elles traversent avec insouciance les années fac dans la bonne société new-yorkaise. Jusqu'à l'hiver 1931 où elles se perdent de vue.
Quand Budgie réapparaît, sept ans plus tard, c'est à Seaview au bras fier de son mari Nick Greenwald, celui que Lily a tant aimé, celui pour qui le coup de foudre avait été immédiat. Entre silences, accrocs et gênes, des liens vont alors se nouer, se renouer, des langues se délier révélant les trahisons, faisant émerger secrets enfouis et vérités nécessaires. Alors qu'au large menace la tempête...


Mon Avis

Quatrième et dernier livre lu pour le challenge French Read-A-Thon, j'étais pressée de lire L'Eté du cyclone, qui s'annonce comme LE roman de l'été 2016 (en format poche, bien entendu). Je ne fais pas durer longtemps le suspense : j'ai adoré ma lecture.

Dans ce roman, nous suivons Lily dans deux années différentes : en 1931 et en 1938. En 1931, on découvre deux amies d'enfance très différentes l'une de l'autre : d'un côté Lily, sérieuse et timide ; d'un autre, Budgie, qui est tout son contraire. Lily rencontre Nick alors qu'ils sont tous deux étudiants et vivent par la suite une grande histoire d'amour. Sept ans plus tard, on apprend que Lily vit toujours chez ses parents, et s'occupe en permanence de sa petite sœur, surnommée affectueusement Kiki. On a la surprise de constater que Nick réapparaît après plusieurs années d'absence, au bras de Budgie, qu'il a épousée. Lily, même si c'est difficile pour elle, ne laisse rien paraître et essaie de vivre sa vie à son tour. Au fil des pages, nous allons découvrir comment la vie a cruellement séparé Lily et Nick, tout cela sur fond de sombres secrets de famille.

J'ai adoré l'alternance de ces deux années, l'ambiance de l'époque des années 30 en elle-même. Cette couverture rétro, des événements historiques de cette période rendent le roman crédible et charmant. L'autre point fort de ce roman, c'est cette grande histoire d'amour entre Lily et Nick, qui doit surmonter de nombreuses épreuves. En effet, le père de Lily n'accepte pas leur liaison car Nick a des origines juives. Nous lecteurs, pensons d'abord que c'est forcément la raison de leur rupture. Mais c'est évidemment plus compliqué que cela. Sans compter le rôle de Budgie dans cette histoire. Budgie est d'ailleurs le personnage qu'on aime détester.

Ce que je n'ai pas aimé, c'est une réaction de Nick à la fin du roman. La vérité éclate et Nick tient des propos vulgaires sans raison apparente. Cela m'a un peu interpellée car ce personnage est si doux, si prévenant que sa réaction ne colle pas avec sa nature.
Enfin, la romance à la fin devient "guimauve", ce qui est dommage.
Néanmoins, ce roman est passionnant, se lit facilement et promet un très agréable moment de lecture.

En conclusion, L'Eté du cyclone est un roman passionnant par son intrigue qui se déroule dans les années 30, par sa romance attachante, par ses secrets de famille inattendus. Il se lit facilement et rapidement, malgré ses 480 pages. Néanmoins, j'ai été un petit peu déçue par la fin, notamment par la romance qui s'est muée en romance-mièvre-d'un-téléfilm-de-l'après-midi-sur-M6 et par la réaction étrange d'un Nick que je n'ai pas reconnu. Cependant, cela reste un roman agréable à lire, il est parfait pour l'été.

Ma note : 18/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^






mardi 16 août 2016

Au Coeur du silence

"Il existe peu de moments, dans la vie, aussi purs et limpides que la glace. Mais lorsque la montagne souffla avec elle, Zoe sut qu'elle avait eu droit à un de ces moments-là et que rien ne pourrait jamais le lui reprendre. Il n'y avait rien, tout autour, que neige et silence."


Auteur : Graham Joyce
Titre VO : The Silent land
Traduction : Louise Lafon
Editeur : Milady
Genre : Romance/Fantastique
Date de parution : 19 septembre 2013
Nombre de pages : 320
Prix édition brochée : 15,20 €
Prix Kindle : 9,99 €
Il existe également en format poche, chez Folio SF (7,70 €)


4e de couverture

Souvenez-vous du goût de la vie…
Zoe et Jake espéraient profiter en amoureux des joies des sports d’hiver, mais une avalanche les attend au détour d’une piste enneigée.
Alors qu’ils parviennent miraculeusement à s’en sortir, de retour à l’hôtel, les rescapés découvrent que la ville a été désertée.
Redoutant le pire, ils tentent de trouver refuge dans la station voisine. Peine perdue : quelque chose les pousse systématiquement à revenir sur leurs pas.
Pris au piège dans ce lieu glacial, les voilà condamnés à un huis clos qui va révéler la force de leur amour.

Mon Avis

Troisième livre de ma PAL pour le challenge French Read-A-Thon, ce roman avait tout pour me séduire : un couple amoureux, du fantastique, le magnifique cadre de la montagne en hiver, le mystère, le suspense. Qu'en est-il finalement ?


Zoe et Jake dévalent une piste enneigée des Pyrénées lorsqu'une avalanche s'abat sur eux. Après les vaines tentatives de Zoe pour se libérer de sa prison de glace, Jack - qui a réussi à s'en sortir - parvient finalement à la sauver. Ils partent à la recherche d'éventuels survivants mais ils ne trouvent personne. Arrivés au village, ils font le même constat : il n'y a pas âme qui vive. Ils pensent alors que tout le monde a été évacué. Mais le temps passe et ils restent seuls, à vivre dans l'hôtel où ils logent. Impossible de joindre le monde extérieur. Le couple tente de se rendre au village voisin. Mais étrangement, ils reviennent constamment à leur point de départ. Les voilà seuls au monde, prisonniers de ce village fantôme, et menacés par d'autres avalanches. Que se passe-t-il dans ce village ? Que va-t-il advenir de ce couple ?


On cherche tellement à trouver les réponses à ces questions qu'on est comme happé par le récit. Le suspense est bien maîtrisé, on ne cesse de se poser mille et une questions pour trouver le pourquoi du comment. J'ai bien aimé cette histoire par son suspense, son cadre, son caractère mystérieux.
Néanmoins, des événements du récit m'ont permis rapidement d'établir une hypothèse sur la raison de leur "isolement". J'ai été surprise que Zoe et Jake ne s'en soient pas aperçus. On se doute de la fin avant d'avoir achevé le livre. Par conséquent, la fin n'a pas été très surprenante pour moi, même si elle ne manquait pas d'émotions.


Ce qui m'a frappé dès le début du récit, c'est la vulgarité dans les dialogues. J'étais rendue à 1 % du livre (je l'ai lu en e-book) lorsque je lis :
"— T'as pas à faire ça, protesta Zoe. On ne montre pas son cul à la montagne, c*nnard.
— Et pourquoi pas, c*nnasse ?
— Je ne sais pas pourquoi, c*nnard. Je te le dis, c'est tout."
Ma tête à ce moment-là : O_O
Est-ce une erreur de traduction ? En tout cas, ce bout de dialogue m'a refroidie... Les propos vulgaires étaient peu présents par la suite, sauf à un chapitre sur le père de Jack qui était encore plus vulgaire que son fils...


Dernière chose qui m'a ennuyée, ce sont les longueurs dans le récit, en plus inutiles car elles n'ont aucun intérêt pour la suite de l'intrigue. Il s'agit notamment des chapitres sur les pères des deux personnages. Je n'ai pas compris leur intérêt.

Enfin, je n'ai pas ressenti beaucoup de sympathie pour ce couple d'amoureux, même si on voit tout de même qu'ils sont très fusionnels. Mais je n'ai pas été touchée par leur amour. En revanche, je trouve que le côté fantastique est très bien exploité, très bien mené. J'ai eu même quelques petites frayeurs de temps en temps. Finalement, j'ai préféré le côté fantastique à la romance un peu fade du roman.

En conclusion, j'ai passé un bon moment de lecture. Au Cœur du Silence nous emmène au sein de la montagne hivernale des Pyrénées, dans une atmosphère étrange et oppressante, avec un suspense bien maîtrisé. Néanmoins, je n'ai pas apprécié la vulgarité parfois présente dans les dialogues, les longueurs inutiles et la fin prévisible. Cette fin est cependant très joliment écrite. Dommage qu'il eût fallu lire la fin pour ressentir quelque chose pour ce couple.

Ma note : 14/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^










lundi 15 août 2016

C'est Lundi, que lisez-vous ? #06

"C'est lundi, que lisez-vous ?" est un rendez-vous inspiré de It's Monday, What are you reading ?, repris par Galleane. Le récapitulatif des liens se fait sur son blog.

Chaque lundi, on répond à trois questions :
1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?


La semaine passée, j'ai lu :



J'ai continué mon "marathon Harry Potter". Au programme : lectures détente, sans prise de tête, le tout avec grand plaisir.


En ce moment, je lis :


Dans le Montana, en 1980.
Autour de Pete, assistant social dévoué, gravite tout un monde d'écorchés vifs et d'âmes déséquilibrées. Il y a Beth, son ex infidèle et alcoolique, Rachel, leur fille de treize ans, en fugue dans les bas-fonds de Tacoma, Luke, son frère, recherché par la police.
Et puis il y a Cecil l'adolescent violent et sa mère droguée et hystérique, et ce jeune Benjamin, qui vit dans les bois environnants, avec son père, Jeremiah Pearl, un illuminé persuadé que l'apocalypse est proche, que la civilisation n'est que perversion et que le salut réside dans la survie et l'anarchie. Pearl qui s'est exclu de la société, peut-être par paranoïa, peut-être aussi pour cacher qu'il aurait tué son épouse et leurs cinq enfants.
Au milieu de cette cour des miracles, Pete pourrait être l'ange rédempteur, s'il n'était pas lui-même complètement perdu...

Yaak Valley, Montana, de Smith Henderson, éditions Belfond, sortie le 18 août 2016.


Ma prochaine lecture :



Chroniques publiées la semaine dernière :
Une Vie Ailleurs, Gabrielle Zevin (7,5/10)
Ce qui nous lie, Samantha Bailly (10/10)

Bonne semaine et belles découvertes livresques à tous !

A bientôt pour une prochaine chronique (sur Au Cœur du silence de Graham Joyce) ^^


vendredi 12 août 2016

Ce qui nous lie

"Ces autres me font peur. Les déchirements m'ont trop amochée. J'étais si insouciante pourtant, si naïve. J'ai cru tant de paroles empoisonnées, creuses, parce que je voulais qu'elles soient la vérité. Et maintenant, voilà ce que je suis devenue. Une sauvage. La femme émerveillée, si simple et liante, a érigé une cuirasse."


Auteur : Samantha Bailly
Editeur : Milady
Genre : Romance
Date de parution : 19 avril 2013
Nombre de pages : 288
Prix de l'édition brochée : 15,20 €
Prix de l'édition poche : 8,20 €
Prix Kindle : 5,99 €


4e de couverture

Alice a un don. Les liens entre les individus lui apparaissent sous forme de fils lumineux. Un phénomène inexplicable qu’elle a appris à dissimuler... et à utiliser pour démasquer les hommes infidèles et venger les femmes trompées. Mais au fond, Alice aspire à retrouver une vie «normale», celle du bureau, des collègues et des relations simples. Son nouveau job dans un cabinet de recrutement semble lui offrir tout cela, et plus encore.
Parmi les personnalités variées qui cohabitent dans l’open space, elle rencontre Raphaël, chasseur de têtes et de cœurs, un homme inaccessible qui ne la laisse pas indifférente. Le seul dont Alice n’arrive pas à percevoir les liens.

Mon Avis

Comme je l'avais indiqué lors de mon bilan du French Read-a-Thon, Ce qui nous lie était le deuxième livre de ma PAL pour ce challenge. C'était l'occasion pour moi de découvrir enfin l'auteure de Nos Âmes jumelles, dont tout le monde parle sur la blogosphère et sur Book-Tube.

Tout d'abord, ce roman se veut original, puisqu'il s'agit d'une romance nuancée de fantastique. En effet l'héroïne, Alice, a un don : elle peut voir les liens, qui lui apparaissent sous la forme de fils lumineux, entre les individus. Sans savoir pour autant l'origine de ce don, elle s'en sert pour démasquer les hommes infidèles. Mais Alice se lasse et souhaite vivre une vie normale. Elle trouve alors un poste dans un cabinet de recrutement. Son manager, Raphaël, ne la laisse pas indifférente. Cet homme séducteur est d'autant plus mystérieux qu'Alice n'arrive pas à distinguer ses liens.

En plus de l'originalité, la plume de l'auteure est jolie et délicate. Adepte des phrases hachées, composées souvent d'un seul mot, j'ai été ravie de trouver ce style d'écriture ici. Les chapitres sont composés le plus souvent de trois parties : présent, passé et futur. L'intrigue est donc bien rythmée et le roman se lit très facilement.
Ce que j'ai apprécié dans cette romance loin d'être "guimauve", c'est qu'il est actuel et touchant. Je me suis facilement attachée à Alice, à la fois forte et fragile, constamment à la recherche d'un équilibre dans sa vie. J'ai eu beaucoup de plaisir à la voir évoluer au fil des pages.

Le choix de l'auteure de ne pas basculer complètement dans le fantastique est selon moi un excellent choix. L'origine du don d'Alice n'a pas véritablement d'importance dans le fond. L'auteure s'est concentrée sur une réflexion à propos des liens, des relations entre les autres. C'est un choix tout à fait judicieux.
Par ailleurs, j'étais contente de voir mentionner  dans le roman l'Ombre du Vent de Carlos Ruiz Zafon, mon livre préféré.

Il y a néanmoins quelques petits défauts selon moi, mais c'est plutôt une question de "goût" : je ne me suis pas du tout attachée à Raphaël, je ne l'ai pas trouvé séduisant, ni sympathique. Quelques personnages sont également un peu "clichés", comme la secrétaire du cabinet de recrutement. Après quoi, j'ai beau cherché, je n'ai pas trouvé d'autre défaut à ce petit bijou.

En conclusion, Ce qui nous lie est une romance originale et réussie, avec un soupçon de fantastique. La plume est jolie, délicate, sensible et j'ai donc eu un véritable coup de cœur pour cette auteure. La réflexion est davantage axée sur les liens et les relations entre les autres, sur l'épanouissement personnel, sur la capacité de se relever après un échec ou un traumatisme. D'apprécier la vie malgré les difficultés.
Un beau petit bijou que je vous recommande chaudement. Evidemment, cette belle découverte me donne envie de lire les autres romans de Samantha Bailly, et je ne manquerai pas de le faire.

Ma note : 20/20

COUP DE COEUR


A bientôt pour une nouvelle chronique ^^








mardi 9 août 2016

Une Vie Ailleurs

"— Je pense que vous constaterez, poursuit Aldous, que la mort n'est qu'une autre partie de la vie, Elizabeth. A la longue, peut-être finirez-vous par voir votre mort comme une naissance."


Auteur : Gabrielle Zevin
Titre VO : Elsewhere
Traductrice : Anouk Neuhoff
Editeur : Le Livre de Poche Jeunesse
Genre : Jeunesse / Fantastique
Date de parution : 17 octobre 2012
Nombre de pages : 320
Prix : 6,90 €


4e de couverture

Liz Hall, quinze ans, vient de mourir dans un accident de vélo. Elle se retrouve sur Ailleurs, un lieu où les défunts rajeunissent jusqu'à repartir dans le grand cycle de l'humanité. Pour Liz, qui rêvait enfin d'atteindre ses seize ans, le choc est brutal. Ce qu'elle voulait c'était entrer à la fac, et connaître enfin le grand amour ! Il va pourtant lui falloir faire le deuil de son ancienne vie sur Terre avant de trouver un sens à cette nouvelle existence.

Mon Avis

Ce roman était le premier livre du challenge French Read-A-Thon que j'avais placé en haut de ma PAL. C'était celui qui me tentait le plus parce qu'il aborde le thème de la vie après la mort, sujet qui m'intéresse énormément. Je voulais savoir la manière dont l'auteure voit les choses, découvrir l'originalité de ce roman, savourer l'émotion qu'elle allait nous transmettre. Après tout, comme on ne sait strictement rien de rationnel sur le sujet, on est libre d'inventer ce que l'on veut et donc, j'attendais énormément de ce roman jeunesse.

Nous suivons ici Liz, quinze ans, qui meurt d'un accident de la route. Elle se réveille dans une chambre sur un paquebot, totalement chauve, vêtue d'un pyjama blanc. Elle fait la connaissance de Thandi, une jeune fille un peu plus âgée qu'elle, qui partage sa chambre. Elles ne savent pas ce qu'elles font ici. Elles rencontrent d'autres passagers, dont Curtis, le leader du groupe Machine, que Liz adule. Thandi et Curtis recouvent très vite la mémoire et savent qu'ils sont morts et la façon dont ils sont morts. Mais Liz pense qu'elle est en plein rêve et qu'elle va se réveiller d'un moment à l'autre. Grâce à des jumelles, elle assiste à son propre enterrement, et remarque que sa meilleure amie, Zooey, n'est pas venue. Elle se rend compte alors qu'elle est bel et bien morte. Cependant, alors que le navire a accosté sur l'île d'Ailleurs et que tout le monde est parti, elle se cache afin de retrouver son ancienne vie. Elle est persuadée que le paquebot fera le voyage en sens inverse. Mais le capitaine, qui a l'apparence d'un enfant de 7 ans, la convainc de quitter le navire. Betty, sa grand-mère décédée d'un cancer du sein avant sa naissance, l'attend sur le quai. Celle-ci va prendre sa petite fille sous son aile.

Tout d'abord, cette version de la vie après la mort ne manque pas d'originalité : le navire, le SS Nil qui emmène les morts sur une île ; les jumelles qui leur permettent de voir des courtes séquences de la vie sur Terre ; le fait que les habitants d'Ailleurs rajeunissent jusqu'à redevenir des bébés (lesquels commencent une toute nouvelle vie sur Terre par la suite) ; le fait qu'ils n'aient pas besoin de médecin puisqu'avec le temps tout le monde finit par guérir ; les vocations (sortes de métiers) que les habitants doivent trouver sur Ailleurs, etc. Ce petit univers est original et plutôt bien travaillé, même si la vie sur Ailleurs ressemble beaucoup à une vie parfaitement paisible d'une petite bourgade américaine.

Ensuite, j'ai été touchée par le personnage de Liz, qui s'accroche à son ancienne vie, qui se rend constamment aux TP (Terrasses Panoramiques où elle peut voir quelques bribes de la vie de sa famille et de celle de sa meilleure amie), qui envie sa meilleure amie qui se rend au bal de fin d'année, qui se rend compte qu'elle ne sera jamais mariée, ni mère, etc. Elle regrette que sa vie se soit arrêtée si tôt et plonge dans la déprime. Mais elle se trouve une vocation qui va la tirer vers le haut. Il se trouve que Liz comprend ce que les chiens disent, ce qui n'est pas permis à tout le monde. Elle trouve un poste de conseillère à la Division des Animaux Domestiques. Cela consiste à expliquer aux chiens, aux chats et autres animaux les détails de la vie sur Ailleurs, puis à les placer dans de nouveaux foyers... Et c'est là que j'ai été déçue. C'est un roman jeunesse, soit. Mais les chiens qui parlent... Encore s'ils diraient des choses intéressantes... Mais ce n'est pas le cas.

Liz va rencontrer d'autres péripéties, braver des interdits (enfin un peu d'action), connaître l'amour. Néanmoins, la vie sur Ailleurs reste trop lisse, trop parfaite. Un peu comme les épisodes de Sept à la Maison (je n'ai pas vu toute la série, mais l'ambiance est très semblable à celle sur Ailleurs...). Les dialogues deviennent mièvres, la romance est trop similaire à ce qu'on peut voir dans les téléfilms de l'après-midi sur M6. L'univers créé par l'auteure s'essouffle.
Néanmoins, ce n'est pas un mauvais livre, au contraire. Ce roman nous explique que la mort fait partie de la vie, et que cette vie sur Ailleurs, comme la vie de Liz sur Terre, est une histoire passionnante qu'il faut vivre jusqu'au bout, et qu'il y aura d'autres vies. L'auteure dédramatise la mort, et ça nous fait du bien.

En conclusion, Gabrielle Zevin signe un roman optimiste, charmant, à l'univers original et bien mené, même si je regrette qu'elle n'ait pas exploré d'autres possibilités de cette vie sur Ailleurs, qui est un peu trop lisse à mon goût. Les chiens qui parlent, les dialogues parfois mièvres et le dégoulinement de bons sentiments m'ont refroidie. Néanmoins, Une Vie Ailleurs reste un bon roman jeunesse, qui a le mérite de nous rappeler que notre vie, celle que nous sommes en train de vivre, est une histoire passionnante et qu'il nous faut la vivre jusqu'au bout. Histoire de connaître la fin de l'histoire.


Ma note : 15/20


A bientôt pour une prochaine chronique ^^