mardi 31 janvier 2017

[Bilan du mois] Janvier 2017


Le premier mois de l'année est passé à une vitesse phénoménale... Nous sommes déjà le dernier jour du mois de janvier, l'heure de faire le bilan livresque de ces trente derniers jours. Il s'est fait attendre mais j'ai fini janvier par un coup de cœur, mais j'ai surtout eu de très belles lectures. Donc, je peux dire que c'était un très bon mois, marqué surtout par des SP de dernière minute.
En janvier, j'ai eu...


Un coup de cœur...




De très belles lectures...








Des lectures mitigées...






Chroniques publiées ce mois-ci :


Les chiffres du mois :
  • Livres lus : 10
  • Livres chroniqués : 8
  • Ma PAL : 94 (+15)
  • Ma Wishlist : 408 (+1)


Les articles les plus lus en janvier :


Le Bilan du Cold Winter Challenge :

J'avais sélectionné 12 livres pour ce challenge (mon article), et j'ai plutôt bien réussi à relever le défi, même s'il y a eu un abandon et un livre non lu. Pas si mal pour une première participation, non ?... Le livre abandonné en question était La Drôle de vie de Zelda Zonk de Laurence Peyrin (je n'arrivais pas à entrer dans l'histoire et à m'attacher aux personnages) et je n'ai pas commencé Rosa Candida de Audur Ava Olafsdottir... La prochaine fois, je sélectionnerai moins de livres :) Les SP de dernière minute n'ont pas arrangé les choses... Mais rien de grave. Je renouvellerai ma participation à ce challenge avec grand plaisir en fin d'année !


Du nouveau sur le blog...

Oui, il y aura du nouveau dès demain ! J'ai décidé d'arrêter de donner des notes précises aux livres que je chronique. Avec du recul, je trouve que ce système de notation est trop strict. J'essaie donc dès demain d'afficher en fin de mes avis, mon ressenti général : "Coup de cœur", "Une très bonne lecture", "une lecture mitigée", etc. sous forme de bandeau. Si le système me convient, je l'adopterai définitivement. Sinon, je retournerai au système de la note sur 20.
Sur Livraddict, là où je répertorie ma PAL, ma WL, mes lectures passées, je garderai tout de même la note sur 20, pour pas que cette transition soit trop "brutale". Puis, j'avoue que la note sur 20 m'aide à classer mes lectures lors des bilans mensuels ou annuels...
Enfin, je change de signature ! Vous la trouverez juste en-dessous ! Rien de révolutionnaire, j'essaie juste de lui donner un style "hivernal"...

Et vous, que pensez-vous de mon nouveau système de notation ? N'hésitez pas à me donner vos avis en commentaires :)




Je vous souhaite un excellent mois de février et de très belles lectures.

A bientôt pour une prochaine chronique ^^











lundi 30 janvier 2017

C'est Lundi, que lisez-vous ? #30

C'est l'heure du célèbre rendez-vous "C'est lundi, que lisez-vous ?", inspiré de It's Monday, What are you reading ?, repris par Galleane. Le récapitulatif des liens se fait sur son blog.


Chaque lundi, on répond à trois questions :
1. Qu'ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?


La semaine passée, j'ai lu :



Sept jours, trois lectures totalement différentes les unes des autres. La première, Cet été-là, a été une vraie claque : c'est un excellent thriller psychologique, extrêmement bien écrit et qui n'hésite pas à bousculer les convenances, quitte à déranger le lecteur.    8 jours ou je ne vous oublierai jamais a été une lecture émouvante. J'en ai même eu les larmes aux yeux. Quant à Une Famille explosive, je me suis régalée avec ce roman chinois, désopilant à souhait. En bref, j'ai réfléchi, j'ai pleuré et j'ai ri. Bon programme ^^




En ce moment, je lis :


Augustin, vieil astronome sexagénaire, refuse de quitter sa base dans l'Arctique alors qu'une catastrophe sans précédent est annoncée. Sa rencontre avec une mystérieuse fillette de huit ans change ses plans. Il décide de reprendre contact avec l'extérieur, mais ses tentatives restent sans réponse...
A bord d'une navette, Sully, jeune astronaute, tente de regagner la Terre avec son équipage, mais Houston ne répond plus. Seul Augustin capte son appel.
Que se passe-t-il sur Terre ? Que reste-t-il de leur planète ? Au fil de leurs échanges, Augustin et Sully vont partager leurs peurs et leurs regrets, et se rapprocher malgré l'immense vide qui les sépare.







Ma prochaine lecture :



Articles publiés la semaine dernière :
- Chronique : Un Homme cruel de Gilles Jacob (18/20)
- Chronique : Angelfall, tome 1 : Penryn et la fin du monde de Susan Ee (16/20)
- Chronique : Chance de Kem Nunn (14/20)
- Chronique : Cet été-là de Lee Martin (19/20)
- In My Mailbox #15 : encore des cadeaux et un SP !


Je vous souhaite une très bonne semaine remplie de belles lectures.

A demain pour une prochaine chronique ^^








dimanche 29 janvier 2017

In My Mailbox #15

In My Mailbox est un rendez-vous hebdomadaire qui a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog Pop Culture Junkie. C'est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque. C'est le blog Lire ou Mourir qui s'occupe de la gestion du IMM français.


Mes cadeaux d'anniversaire (suite et fin)


Vous vous souvenez de mon dernier IMM spécial anniversaire de la semaine dernière ? J'avais été très très gâtée avec 15 livres qui se sont ajoutés à ma PAL... Eh bien, je peux en rajouter 2 autres de plus grâce à ma copinaute Gabyelle, qui m'a offert Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa, Premières neiges sur Pondichéry de Hubert Haddad, un magnifique carnet, une jolie carte toute mignonne et trois beaux marque-pages magnétiques (l'autre est déjà entre les pages de mon livre en cours ^^). Merci encore ma belle, tu m'as encore bien gâtée ! 💜💜💜😚



Un SP


Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.

Merci aux éditions Gallmeister pour cet envoi !



Je vous souhaite un très bon dimanche et de belles lectures.

A demain pour le C'est Lundi habituel !




vendredi 27 janvier 2017

Cet été-là

"Je suis désormais un vieil homme, et même si plus de trente années se sont écoulées, je me rappelle encore cet été et ses secrets, la chaleur et la manière qu'avait la lumière de prolonger le soir comme si
elle n'allait jamais partir."


Auteur : Lee Martin
Titre VO : The Bright Forever
Traducteur : Fabrice Pointeau
Editeur : Sonatine
Genre : Thriller
Date de parution : 09 février 2017
Nombre de pages : 320
Prix : 21 €

Rentrée littéraire Hiver 2017


Présentation de l'éditeur

Tout ce qu'on a su de cette soirée-là, c'est que Katie Mackey, 9 ans, était partie à la bibliothèque pour rendre des livres et qu'elle n'était pas rentrée chez elle. Puis peu à peu cette disparition a bouleversé la vie bien tranquille de cette petite ville de l'Indiana, elle a fait la une des journaux nationaux, la police a mené l'enquête, recueilli des dizaines de témoignages, mais personne n'a jamais su ce qui était arrivé à Kathy. Que s'est-il réellement passé cet été là ? Trente ans après, quelques-uns des protagonistes se souviennent. Le frère de Katie, son professeur, la veuve d'un homme soupçonné du kidnapping, quelques voisins, tous prennent la parole, évoquent leurs souvenirs. Des secrets émergent, les langues se délient. Qui a dit la vérité, qui a menti, et aujourd'hui encore, qui manipule qui ?

Mon Avis

Si j'ai sollicité ce titre, c'était tout d'abord pour sa couverture originale, avec cette broussaille qui semble vouloir entrelacer les lettres du titre. Puis, ce thriller avec son intrigue de facture classique a attiré mon attention. En le lisant, je ne m'attendais pas à ressentir autant d'émotions. Je remercie NetGalley et les éditions Sonatine pour m'avoir permis de découvrir ce thriller poignant.

Dans les années 70, dans une petite ville de l'Indiana, Katie Mackey, 9 ans, disparaît alors qu'elle allait rendre ses livres à la bibliothèque. Son vélo a été retrouvé abandonné sur un trottoir, la chaîne enrayée. Vous vous dites certainement que cette histoire est du déjà-vu et de facture assez classique. Vous avez raison. Cependant, vous ne savez pas encore comment le narrateur principal revient sur cette affaire, comment l'auteur réussit brillamment à nous plonger dans les méandres de l'âme humaine, avec ses secrets les plus obscurs. En quelques mots, ce roman est original, magnifique, prenant mais dérangeant. Dérangeant parce qu'il ose sonder les âmes tourmentées qui sont sur le point de basculer et de commettre l'irréparable.

Cet été-là s'ouvre par cette déclaration d'un certain Raymond R. : "Je ne dis pas que je ne l'ai pas fait. Je ne sais pas." S'élèvent ensuite plusieurs voix : celle de Gilley, le frère de Katie, celle de M. Dees, le professeur particulier de la petite fille ; celle de Clare, la compagne de Raymond R. ; celles des voisins, et celles des volontaires qui ont participé aux recherches.
Deux suspects se distinguent des autres personnages. L'un est dévoilé dès la première page, l'autre un peu plus loin lorsqu'on comprend qu'il cache de lourds secrets.

"J'observais - j'observais constamment -, et vous, vous autres qui ne vous souvenez même plus de mon nom, vous pensiez savoir exactement qui j'étais." (p.37)
Le reste de la page reste blanche. Glaçant.



On découvre le passé trouble de ces personnages, qui n'ont pas eu ce que les autres ont eu la chance d'avoir, et qui sont si fragiles psychologiquement qu'ils peuvent flancher et devenir des criminels. L'auteur explore ce côté-là, l'origine du mal, ce qui fait que ces deux personnages peuvent franchir la limite. Mais qui l'a franchi au final ? L'un des deux ? Les deux ? Quelqu'un d'autre ?

La réponse à cette question appartient au narrateur principal, Henry Dees. Ce narrateur si controversé, à la fois intelligent et répugnant, nous interpelle régulièrement, nous, lecteurs :

"Si vous voulez écouter, vous allez devoir me faire confiance. Sinon, refermez ce livre et retournez à votre vie. Je vous préviens : cette histoire est aussi dure à entendre qu'elle l'est pour moi à raconter." (p.15).

Il n'a pas tort : l'immersion dans la noirceur de ces deux personnages est très dérangeante. Mais ce ne sont pas les seuls à être confrontés à leurs propres démons. Un autre personnage en effet se verra également submergé par ses sentiments les plus malsains... Le suspense est hautement maîtrisé dans ce roman. Le page-turner est redoutable. A un moment donné, on peut même se demander si ce narrateur si particulier ne se joue pas de nous...

D'autres thèmes sont présents dans ce roman si dense, comme la culpabilité et la disparition d'un être cher. Gilley, les parents de Katie, Clare, tous se sentent coupables, et on peut se poser la question de leur responsabilité dans ce drame. Y'a-t-il véritablement un seul coupable dans cette affaire ? Des personnages ont-ils fermé les yeux sur ce qu'il allait se produire ? Et nous, qu'aurions-nous fait à leur place ?
Il y a aussi un magnifique passage sur la perte d'un être cher, et c'est le personnage si attachant de Clare qui s'exprime ici :

"Quand une personne qu'on aime disparaît, c'est comme si la lumière faiblissait, et on se retrouve dans la pénombre. On essaie de faire ce que nous disent les autres : mettre un pied devant l'autre ; relever la tête ; s'abandonner aux secondes, aux minutes et aux heures. Mais il y a toujours cette petite lumière - cette vie qu'on vivait auparavant. Elle est un peu estompée et embrumée, comme un croissant de lune par une nuit d'hiver, quand l'air est plein de glace et de nuages, mais elle est tout de même présente, flottant juste au-dessus de notre tête. On pense qu'elle n'est pas loin. On pense qu'à n'importe quel moment on pourra l'attraper." (pp.176-177).

Quant au style de l'auteur, il suffit de lire cette citation ci-dessus pour vous rendre compte à quel point il est magnifique, avec ses accents poétiques et ses mots transcendants et justement choisis (excellent travail de traduction au passage, accompli par le traducteur de Mr. Ellory entre autres). Un texte saisissant, beau, poignant, mais à la fois dérangeant. L'auteur nous bouscule. Il nous interpelle sur la nature humaine avec une manière si réaliste qu'elle en devient gênante. J'adore le style de l'auteur, un peu semblable à celui de R.J. Ellory, qui sonde les sentiments les plus noirs de l'âme humaine, aux origines même du mal. Brillant.

Enfin, après les remerciements, Lee Martin nous donne des explications utiles sur l'origine de The Bright Forever, lui qui a vécu aussi dans une petite ville américaine. Ce roman polyphonique donne la parole aux personnages, mais il se révèle aussi truffé de références musicales. Toutes les chansons sont même répertoriées à la fin du roman. Elles "soulignent l'essence de certains personnages" et au passage, l'auteur donne quelques éléments utiles sur la nature de ses personnages.

Pour conclure, Cet été-là est un thriller saisissant de réalisme, poignant, original par sa structure, brillant par son style et dérangeant par son exploration des côtés les plus sombres de la nature humaine. Ce roman soulève diverses questions comme celle de la culpabilité, de la famille brisée, des secrets qui habitent des êtres troublés et qui peuvent engendrer des actes irréparables. L'auteur nous interroge sur la nature humaine, quitte à nous gêner, quitte à nous bouleverser. Un roman aussi magnifique que perturbant.


Ma note : 19/20



A bientôt pour une prochaine chronique ^^














jeudi 26 janvier 2017

Chance

"Il y a deux catégories de douleurs dans la vie.
La douleur de la discipline et la douleur du remords."


Auteur : Kem Nunn
Titre VO : Chance
Traducteur : Clément Baude
Editeur : Sonatine
Genre : Thriller
Date de parution : 12 janvier 2017
Nombre de pages : 384
Prix : 21 €
Prix Kindle : 9,99 € (VO)

Rentrée littéraire Hiver 2017


Présentation de l'éditeur

A San Francisco, la vie bien ordonnée du docteur Eldon Chance est en train de partir à vau-l'eau. À bientôt cinquante ans, le brillant neuropsychiatre récemment divorcé commence à trouver son quotidien ennuyeux. Ce vide est bientôt comblé par la soudaine fascination qu'il éprouve pour une de ses patientes, la très séduisante mais très instable Jaclyn Blackstone. Hélas pour lui, le mari de celle-ci, un flic corrompu et dangereux de la brigade criminelle, est d'une jalousie féroce et personne ne souhaite l'avoir pour ennemi. Peu à peu, l'obsession que Chance nourrit pour Jaclyn va l'entraîner dans une histoire autrement plus sombre et complexe que ce qu'il avait imaginé...



Mon Avis

La première fois où j'ai posé les yeux sur cette belle couverture, j'ai pensé que ce thriller serait décalé, unique en son genre, un peu déjanté, aux allures d'un Tarantino... Qu'en est-il exactement ? Je remercie NetGalley et les éditions Sonatine pour cette lecture.

Le docteur Chance porte bien mal son nom. En effet, fraîchement divorcé, il se retrouve seul dans un appartement, séparé de sa femme et de sa fille adolescente. Si sa réussite professionnelle est totale, sa vie privée est un échec. L'ennui et la solitude le poussent à s'intéresser de trop près à ses patientes qui souffrent de graves troubles psychiatriques. Ainsi, il devient rapidement obsédé par Jaclyn Blackstone, qui souffre d'un dédoublement de personnalité suite au comportement dangereux et instable de son mari, flic corrompu et psychopathe. Chance veut ardemment aider Jaclyn à se séparer de son époux, mais ce dernier semble au courant de ses intentions... Peut-il faire confiance à Jaclyn ? Est-il entraîné malgré lui dans une sombre machination ?

Le début de Chance est extrêmement lent à démarrer. Nous faisons connaissance avec un personnage intelligent certes, mais dont la vie de nouveau célibataire est désespérément vide. Il passe en revue les pathologies de ses patients (ce qui peut être intéressant si les termes de la psychiatrie ne vous rebutent pas), et il fait une fixation sur ses meubles qu'il a l'intention de vendre. L'intrigue ne décolle pas, l'action est inexistante. On apprend que la personnalité de Chance est étrange, car il cherche absolument à s'attacher à une patiente, qui souffre de graves troubles psychiatriques. Ce sentiment se transforme vite en obsession. La femme en question se nomme Jaclyn ou Jackie selon ses personnalités. Tantôt fragile, délicate, sensible, tantôt brutale et femme fatale. Le souci, c'est que son mari est un flic corrompu et psychopathe, qui n'hésite pas à menacer Chance. Mais ce dernier persiste et signe en cherchant à la sauver.

"(...) elle avait quelque chose de l'oiseau en cage, d'une vie non vécue. Et c'était tout simplement ça, se disait-il, l'horreur de sa vie non vécue, qui l'avait pris en défaut, empêtré dans son propre déclin, où chaque jour donnait l'impression de pouvoir être encore plus sombre que le précédent."

Suite aux menaces du mari envers sa fille notamment, Chance va demander de l'aide à D., celui qui a retapé ses meubles pour la revente. Ce personnage de D. est aussi étrange que violent, mais diablement efficace pour la castagne. Contrairement à Chance, il est davantage dans l'action et il a un passé trouble qui le rend finalement attachant. Le personnage de Jaclyn est également intéressant : on ne sait pas si elle joue la comédie ou non, si elle manipule Chance, si ce n'est pas elle qui tire les ficelles dans cette histoire...

"Deux choses, répondit Big D sans jamais le quitter des yeux. Ce sont les émotions qui parlent. Tu as peur. Tu es en pleine retombée d'adrénaline. Si j'avais le temps... Je pourrais t'apprendre comment gérer ça, comment y réfléchir. Mais il faut que je te dise la deuxième chose, et tu vas comprendre très simplement... Si jamais tu m'appelles encore une fois Darius, je te mets mon poing en pleine face."

Néanmoins, même si l'action est présente massivement à la fin du roman, j'ai eu l'impression de m'ennuyer avec Chance, un personnage un peu mou, dépourvu de la moindre fantaisie, mais qui a cependant le don de s'attirer des ennuis.

Quant au style de Kem Nunn, il est assez remarquable, très visuel et très descriptif. Il sait entretenir le suspense malgré un début très lent.

Pour conclure, Chance est un thriller plutôt unique en son genre, très bien écrit mais doté d'un personnage central sans éclat, sans vraie profondeur, qui a même des comportements étranges dignes de ceux de ses propres patients (ceci dit, ça ne manque pas d'intérêt). D. et Jaclyn se montrent plus intéressants par leurs personnalités originales et troublantes. Dommage que l'intrigue tarde à démarrer et que l'action ne soit présente qu'aux dernières pages.


Ma note : 14/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^












N.B : Chance a été adapté en série TV en 2016, avec Hugh Laurie dans le rôle de notre docteur en neuropsychiatrie. Je ne l'ai pas vue, mais je la regarderai avec plaisir quand j'en aurai l'occasion :) Si vous l'avez vue, n'hésitez pas à me faire part de vos avis en commentaires !



Throwback Thursday livresque #15

Le Throwback Thursday livresque est un nouveau rendez-vous inspiré du "Throwback Thursday" d'Instagram, et créé par le blog BettieRose Books.
Le principe est simple : on partage chaque jeudi une lecture qui correspond à un thème donné.
Le récapitulatif des liens se trouve sur le blog de BettieRose Books.

Le thème d'aujourd'hui est :



Il était une fois...


Ce thème est sacrément large et c'est tant mieux :)
Il me fait immédiatement penser à un genre qui a bercé notre enfance, le conte. Il y en a énormément qui m'ont fait rêver étant enfant, comme les contes de Perrault ou ceux de Grimm. Mais je ne savais pas quel conte choisir en particulier. Le choix était trop difficile. Alors je me suis tournée vers l'imaginaire, et j'ai pensé à cette trilogie de fantasy française, très connue sur la blogosphère, sur laquelle j'ai consacré une grande partie de mon mémoire de master 1. Il s'agit de...





La vie de Camille, adolescente surdouée, bascule quand elle pénètre accidentellement dans l’univers de Gwendalavir avec son ami Salim. Là des créatures, les Ts’liches, la reconnaissent sous le nom d’Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l’unique héritière d’un don prodigieux, le Dessin, qui peut s’avérer une arme fatale dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité. Épaulée par le maître d’armes de l’empereur et un vieil érudit,
Camille apprend à maîtriser son pouvoir...
L’écriture généreuse de Pierre Bottero donne à son épopée un souffle exceptionnel.
Une histoire qui n’est pas seulement faite de combats, de conquête d’un territoire, de créatures fantastiques, mais riche de psychologie, de passages poétiques, et qui propose une réflexion philosophique sur la liberté et la violence…
 

J'avais choisi cette trilogie un peu au hasard pour mon mémoire sur la fantasy française. Dès que je l'ai commencée, j'ai eu un vrai coup de cœur pour l'histoire, les personnages, la plume de Pierre Bottero. L'auteur a réussi à créer un univers riche, magique et cohérent, des personnages attachants et bien définis. Il nous amène à réfléchir sur les notions du bien, du mal, de la liberté, de la force de l'amitié. Une belle trilogie sans fausse note, tout simplement prodigieuse, que je vous recommande. Ne passez pas à côté de l'œuvre de Pierre Bottero, un grand auteur parti beaucoup trop tôt...

Les couvertures présentées ci-dessus sont celles des éditions que j'avais lues à l'époque (2006). Depuis, il y a eu d'autres jolies éditions publiées chez Rageot et chez Le Livre de Poche. Sachez enfin que la trilogie a aussi été adaptée en BD chez Glénat :)


Je vous souhaite de belles lectures et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le thème "Livre invisible (un livre dont on ne parle pas ou peu)" !

A bientôt pour une prochaine chronique ^^




mercredi 25 janvier 2017

Angelfall, tome 1 : Penryn et la fin du monde

"Je sens que quelque chose ne va pas avant de me réveiller. Un bruit de verre brisé me parvient dans mon demi-sommeil. Je me redresse d'un bond.
Une main se plaque sur ma bouche.
Neige me murmure de me taire. (...)
Un ennemi commun nous menace. L'ange et moi sommes du même côté, pour une fois."


Auteur : Susan Ee
Titre VO : Angelfall (Penryn & the End of Days, book 1)
Traducteur : Alexandra Maillard
Editeur : Pocket Jeunesse
Genre : Fantastique
Date de parution : 16 avril 2015
Nombre de pages : 365
Prix : 7,40 €


Présentation de l'éditeur


Dans San Francisco dévasté, Penryn, 17 ans, doit sauver sa jeune soeur, enlevée par ces monstres. Sa seule solution : forcer l'un d'entre eux à l'aider...
Raffe, privé de ses ailes, voit dans cette alliance contre-nature son dernier espoir. Une jeune femme et son pire ennemi se trouvent liés malgré eux.
Une relation dangereuse... Mais jusqu'à quel point ?



Mon Avis

Il était temps de me replonger d'urgence dans un titre de PKJ, car cela faisait longtemps que je n'avais pas lu leurs récits fantastiques que j'apprécie tant. D'ailleurs, la couverture du premier tome de Angelfall est magnifique comme toutes les autres séries publiées par cette maison d'édition. Je me suis lancée dans cette histoire sans vraiment savoir de quoi il était question. J'ai apprécié ma lecture dans l'ensemble, même si quelques éléments m'ont un peu moins plu. Bref, qu'est-ce qu'il en sort de cette lecture ? Je vous en parle sans tarder.

Nous sommes à San Francisco, deux ans après une catastrophe surnaturelle qui s'est abattue sur le monde : les anges tuent chaque homme, chaque femme et chaque enfant qui ont le malheur de les croiser, et détruisent le monde humain. Penryn, 17 ans, sa petite sœur Paige et leur mère assistent malgré elles à une confrontation violente entre un ange et cinq de ses congénères. Ces derniers lui arrachent les ailes, enlèvent Paige et disparaissent. La seule solution qui se présente à Penryn pour sauver sa sœur est tout d'abord d'aider l'ange déchu et ensuite de le forcer à la guider vers leur repaire.

J'ai adoré l'atmosphère du livre, post-apocalyptique à souhait. Les rues sont ravagées, l'ordre n'existe plus, des gangs se forment, les survivants du génocide tentent tant bien que mal de trouver de l'eau et de la nourriture. Le désordre, la désolation et la mort caractérisent à eux seuls ce monde dans lequel vivent Penryn et sa famille.

"Comme beaucoup d'autres cités, San Francisco a été massivement frappée. C'est un cauchemar, une vision post-apocalyptique tout droit sortie d'un blockbuster hollywoodien. (...) Des pâtés d'immeubles entiers ont été réduits à l'état de gravats carbonisés. Les météores, tremblements de terre, tsunamis initiaux n'expliquent qu'une partie des dégâts. (...) Après l'attaque, une fumée couleur sang a obstrué le ciel durant des jours." (page 213).

Les personnages sont à mon sens bien définis, ils ont tous des personnalités propres, même si Raffe reste assez mystérieux dans ce premier tome. Cependant, le mystère qui l'entoure en fait un personnage attachant, paradoxalement. Le personnage qui m'a le plus marquée, c'est celui de la mère de Penryn et de Paige. Complètement folle et irresponsable, elle se révèle assez déroutante dès les premières pages, juste après le kidnapping de Paige :

"Il y a de grandes chances que maman se soit éclipsée avant que les choses tournent mal. Elle doit se cacher quelque part dans le coin et m'observer en attendant de se sentir assez en sécurité pour sortir." (page 27).

C'est un personnage très étonnant, capable des pires choses, mais qui réussit parfois à venir en aide à Penryn. Je pense qu'il joue dans cette trilogie un rôle important, à voir par la suite...

J'ai apprécié également la mythologie créée autour des anges qui s'en prennent aux êtres humains. La "guerre interne" qui les oppose enrichit cette mythologie mise en place mais le lecteur n'en connaît pas encore tous les détails, premier tome oblige. La présence des anges dans ce roman pose aussi la question de la foi en Dieu. Elle n'est que survolée ici, mais peut-être sera-t-elle évoquée dans les tomes suivants. Cela pourrait être très intéressant d'évoquer ce rapport entre les Hommes et Dieu.

Enfin, il y a des éléments qui m'ont déplu. Je trouve que la complicité entre Penryn et Raffe s'installe trop rapidement. Il y a bien cette tension au début, cette haine que ressent Penryn envers ceux qui ont détruit son monde. Mais à mon goût, cette tension ne dure pas assez et se transforme trop vite en romance, ou du moins, Penryn est attirée trop tôt par l'ange déchu. Puis, il y a le rythme, qui ralentit plusieurs fois dans le récit.

Pour conclure, le premier tome d'Angelfall est un roman fantastique surprenant oscillant entre post-apocalytique et dystopie. Même si le rythme est inégal, et même si la romance s'installe un peu trop rapidement, j'ai passé un bon moment de lecture dans l'ensemble. Je lirai le deuxième tome dès qu'il sortira en poche, en espérant avoir les réponses à mes questions :)


Ma note : 16/20

A bientôt pour une prochaine chronique ^^








mardi 24 janvier 2017

Un Homme cruel

"Comment ses maîtres ou ses proches pourraient-ils imaginer que ce garçon timide, au physique agréable de beaucoup de gamins de son âge, deviendrait la coqueluche asiatique, d'abord en Amérique puis dans le reste du monde, l'égal en popularité de Chaplin, Douglas Fairbanks et autres William Hart ?"


Auteur : Gilles Jacob
Editeur : Grasset
Date de parution : 03 octobre 2016
Nombre de pages : 320
Prix : 20 €
Prix Kindle : 14,99 €



Présentation de l'éditeur


Voici le roman vrai d'un des acteurs les plus célèbres du monde, aussi renommé en son temps que Charlie Chaplin ou Rudolph Valentino.
Né au Japon en 1889, parti très jeune pour l'Amérique exubérante des années 1910, Sessue Kayakawa devient, dix ans plus tard, la première star hollywoodienne d'origine asiatique. Son regard de braise et ses rôles d'homme cruel provoquent des scènes d'hystérie parmi ses nombreuses admiratrices. Il mène grand train dans son château californien, ses réceptions fastueuses font la une des journaux : à lui la gloire, l'argent, les pièces, les films, les femmes, le jeu, l'opium...
Et voilà soudain que la fin du cinéma muet et le racisme anti-nippon chassent d'Hollywood l'un de ses derniers nababs, devenu éternel errant après une tentative d'assassinat.
Il croise Claudel dans les décombres du tremblement de terre de Tokyo en 1923, est donné pour mort en 1926 à Monte-Carlo, fabrique des faux papiers pour la Résistance en France durant la guerre et ne doit sa libération de la rue des Saussaies qu'à l'intervention de l'ambassadeur du Japon.
C'est en 1957, à 68 ans, qu'il renoue avec la gloire pour son rôle dans le mythique Pont de la Rivière Kwaï, le film aux sept oscars.
Qui eût dit qu'après une vie si extravagante, une femme aimée, des enfants adoptés, des maîtresses perdues, ce personnage de légende se retirerait à 72 ans dans un monastère bouddhiste, parmi les statues de pierre, le silence des moines et la paix de l'âme ?

Mon Avis

La chronique de Gérard Collard et l'interview de Gilles Jacob m'ont donné envie de découvrir le destin incroyable de Sessue Hayakawa. Je me demandais qui était cet homme au regard sombre, et comment avait-il pu devenir en quelques années la première star asiatique du cinéma hollywoodien. Je remercie chaleureusement les éditions Grasset pour cette lecture passionnante.

Comment imaginer que ce petit garçon taciturne, écrasé sous la rudesse de son père préfet, deviendrait un acteur mondialement connu au même titre que Charlie Chaplin ? Son enfance en tout cas ne le présageait nullement : prédestiné à l'Académie de la marine, le jeune Kintarô, suite à un pari stupide, a un accident de plongée. Il devient sourd d'une oreille à 15 ans. Son handicap l'empêche de rejoindre l'Académie tant convoitée et son avenir prometteur tombe à l'eau (si je puis le dire...). Déshonoré, Kintarô est rejeté par sa famille. Son désespoir est tel qu'il décide de se faire hara-kiri. Fort heureusement, il se rate. Quelque temps après, il prend la décision de partir pour les Etats-Unis pour étudier le droit et l'économie. Mais sa passion pour le jeu d'acteur prend le dessus rapidement. La vie est dure, mais Kintarô s'accroche et joue beaucoup de pièces de théâtre avec Tsuru Aoki, une actrice japonaise qui a déjà joué dans quelques films muets. Elle tombe amoureuse de lui et ils finiront par se marier rapidement.


Thomas Ince, un producteur renommé aux Etats-Unis, les remarque et les engage pour tourner plusieurs films, ensemble ou séparément. Cependant, Kintarô - qui prend le nom de Sessue - n'est pas satisfait des rôles qu'on lui attribue : "un chef indien rebelle, un guerrier chinois Tong, un Arabe conducteur d'âne, un clown jaune..." (page 54).

Le film qui va le révéler est tourné en 1915 sous le nom de Forfaiture, réalisé par Cecil B. DeMille. Il y joue un dandy pervers, au regard cruel, qui n'hésite pas à marquer le bras d'une femme au fer rouge. Cette scène fera scandale :

"A l'écran, on ne verra de cette scène, qui va créer aussitôt le scandale, que la fumée de la chair grillée (le film est muet mais on la sent physiquement), fumée qui rend encore plus démoniaque la face impassible de l'homme cruel." (pages 59-60).


Sessue Hayakawa, dans le film "Forfaiture" (1915)


Sessue a compris qu'il devait faire l'inverse de ce qui lui est demandé de faire au cinéma muet : il devait cesser de gesticuler. Cecil B. lui a recommandé de recourir à la tradition théâtrale de son pays natal : le masque dans le théâtre du nô. Ce regard menaçant, si particulier, le rendra célèbre.

"Pas un muscle de son visage, rendu blême par le maquillage, ne tressaille, pas un plissement du front, juste une ébauche de sourire, distillée par des lèvres bien dessinées. Ces yeux-là, ces yeux noirs qui disent tout avec rien, à quoi pensent-ils ? Bien malin qui le sait." (page 60).

Le film est un vrai succès. Même si son nom ne figure pas sur l'affiche, Sessue y est pour beaucoup. Il devient un Japanese lover, adulé par toutes les jeunes femmes, déclencheur d'hystéries féminines. Oui, un peu comme Robert Pattinson ^^. Il incarne l'Orient, et provoque les passions d'une Amérique intriguée par cette lointaine contrée. Sessue a tout : l'argent, le succès, les femmes, les manies de star, et Tsuru, toujours loyale et complice avec lui. Il tourne 11 films en 2 ans.



Cependant, cette situation idyllique, cette revanche sur sa vie d'immigré et de recalé, ne vont pas durer. Victime de racisme anti-asiatique, un producteur tente de l'assassiner lors d'un tournage. Entre Sessue, Tsuru et l'Amérique, c'est la rupture. Au Japon, Sessue n'est pas le bienvenu : il est considéré comme un Américain. Ses rôles de méchants japonais qu'il a tant joués ne plaisent pas aux Japonais. Il décide tout de même des rester dans son pays natal, essayant tant bien que mal de s'intégrer à la société.
Le destin de Sessue est tout simplement incroyable : lui et Tsuru survivent au séisme de Kantô en 1923. Il est donné pour mort à Monte-Carlo en 1926 pendant qu'il vit reclus en Ecosse. Une dispute violente éclate entre lui et Tsuru, et sa vie va à nouveau basculer. Il entre dans la Résistance à Paris et fabrique de faux-papiers. Il est arrêté puis libéré par les Allemands. Après la guerre, il continue de tourner des films, de monter des pièces, d'écrire. Sessue joue le cruel colonel Saïto dans le Pont de la rivière Kwaï, à 68 ans. Le succès est de nouveau au rendez-vous. Mais las du tumulte d'Hollywood, il se retire dans un monastère bouddhiste à 72 ans...

Une vie incroyable, une destinée palpitante ! Il vit évidemment d'autres choses surprenantes, que je ne peux pas révéler ici sans vous gâcher la surprise.
D'autre part, il y a des passages fictifs comme les extraits du journal intime de Tsuru. Cependant, les éléments principaux de la vie de Sessue sont bels et bien exacts.

Sessue Hayakawa, dans le film "Le Pont de la Rivière Kwaï" en 1957
Cette destinée oubliée et hors du commun nous est racontée comme un roman. La lecture est très agréable et même addictive. L'auteur, Gilles Jacob, est un grand monsieur du cinéma, qui a fait partie du Festival de Cannes pendant 38 ans. Autant dire que ce roman est une mine d'informations sur le cinéma américain de l'époque. En effet, on apprend énormément sur cette star oubliée, mais aussi sur les producteurs et les acteurs célèbres des années 20 et 30. Le style de Gilles Jacob est très beau, sans fioriture, très agréable à lire.

Pour conclure, Monsieur Gilles Jacob a eu là une excellente idée en écrivant ce roman. Il nous permet de découvrir ce grand acteur au destin exceptionnel. Il ressuscite ainsi sa légende. J'ai été touchée par Kintarô - Sessue Hayakawa, dont la vie pourrait être un film à part entière. Un roman passionnant.

Ma note : 18/20



Quelques liens :

La chronique de Gérard Collard :



L'interview de Gilles Jacob par la Griffe Noire :




A bientôt pour une prochaine chronique ^^