dimanche 23 décembre 2018

Mon Top 10 de l'année 2018

Non, vous ne rêvez pas, vous lisez enfin un tout nouvel article sur le blog. C'est la publication bilan de cette année écoulée, une habitude que je renouvelle chaque mois de décembre. Et cette année 2018 a été l'année du changement, clairement. 




Nouveau nom, nouveau "design", lectures américaines ont marqué un grand tournant dans mon activité de blogueuse. 
D'une manière plus personnelle, 2018 a été un grand chamboulement dans ma vie : nouveaux horizons professionnels, nouveau corps (j'ai perdu 32 kilos !), nouvelle image... Et un beau projet qui va voir le jour en janvier : ma création d'entreprise. Je me lance enfin après dix ans de réflexion... Avec cette nouvelle activité, j'ai l'intention de proposer des services de secrétariat juridique à distance. En complément, je pourrais également exercer en tant que créatrice et rédactrice de sites professionnels WordPress pour des indépendants ou de très petites entreprises. J'ai hâte de commencer. Trêve de bavardage, place aux livres et à mon top 10 de 2018 !




1. Mon Désir le plus ardent, de Pete Fromm (Gallmeister)

Comment vous présenter ce magnifique roman écrit par l'auteur de Lucy in the sky ? C'est tout simplement la plus belle histoire d'amour qu'il m'ait été donné de lire jusqu'à présent. Maddy et Dalt forment un couple très attachant, lié par un amour qui parvient à surmonter les obstacles de la vie, dont la maladie, la sclérose en plaques de Maddy. Nous les suivons au gré des années qui passent, nous assistons à leurs moments de joie et à leur désespoir. C'est une histoire d'amour magnifique, authentique, loin mais tellement loin des clichés ! Un récit poignant, réaliste, drôle et émouvant à la fois. Faites la connaissance de Maddy et de Dalt, vous ne les oublierez jamais !  

Ma chronique (regardez la vidéo bonus à la fin de l'article et vous serez convaincu.e !)


2. My Absolute Darling, de Gabriel Tallent (Gallmeister)

Une nature sauvage, une région isolée, une forêt digne des sombres contes de fée, l'océan non loin de là. Turtle, une jeune fille de 14 ans, vit seule avec son père Martin dans une "maison" qui ressemble davantage à une cabane. Julia de son vrai nom, nommée "Croquette" par son père, Turtle vit dans la saleté, dans le désordre, parmi les rats qui dévorent la nuit les restes de son repas. Son père lui a appris tôt à se servir des armes. Elle sait manipuler les pistolets et les fusils. Elle a appris toutes les règles pour survivre dans un milieu hostile. Isolée, sans ami, rejetant la compagnie des femmes, elle s'enferme dans un monde bâti par son père, loin d'un monde qui court à sa perte, loin de cette société actuelle où tout n'est que bêtise, gâchis et destruction. "Mon amour absolu", voilà comment Martin nomme sa fille, si ce n'est parfois de "connasse", de "salope" ou encore de "petite moule illettrée". Martin aime sa fille d'un amour trop lourd, trop pesant, si bien qu'il en devient nocif et dangereux. Jusqu'à faire subir à sa fille de terribles sévices, qui nous laissent "sonnés". 
My Absolute Darling est un coup de poing magistral. Déroutant, dérangeant, à l'atmosphère lugubre, ce roman nous confronte à la douleur physique et intérieure d'une jeune fille attachante. Elle mène un dur combat pour sa liberté, pour son indépendance, et surtout pour se sentir vivante. Poussée par l'amitié qu'elle éprouve pour Jacob, elle décide de s'échapper de la "prison" dans laquelle l'a enfermée son père. La confrontation est imminente. Et on espère, on espère pour Turtle. Irrémédiablement, si vous décidez de lire ce premier roman, Turtle restera longtemps dans votre mémoire. Magistral. Redoutable. Inoubliable.



3. Tenir jusqu'à l'aube, de Carole Fives (Gallimard)

Cette histoire est simple, banale, mais si récurrente. Dans son quatrième roman, Carole Fives s'intéresse à une jeune mère solo (dont on ne connaîtra pas le nom) qui élève son fils de deux ans. L'écrasante routine et ses problèmes financiers la minent. En effet, graphiste freelance (statut qu'elle n'a pas choisi), elle ne recueille que quelques contrats par-ci par-là et a du mal à joindre les deux bouts. Inscrite sur la liste d'attente pour la crèche, et ne connaissant personne pour garder son garçon, elle n'a pas le choix : elle doit s'occuper de lui à chaque instant, gérer ses caprices, rester auprès de lui le soir jusqu'à ce qu'il s'endorme enfin, puis ranger, nettoyer jusqu'à tard le soir, et enfin tenter de travailler sur son ordinateur. On perçoit nettement la solitude et la fatigue de cette mère, qui fait tout ce qu'elle peut... dans une société individualiste qui semble avoir un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues.
Tenir jusqu'à l'aube est un roman poignant, percutant, féministe sur la vie d'une jeune mère qui fait de son mieux dans cette société fermée, individualiste et moralisatrice. Il nous ouvre également les yeux sur la situation précaire des mères solos, sur nos pensées parfois dures, dictées par une société mauvaise et bien-pensante. Un roman brillant sur une femme avide de liberté et de reconnaissance.



4. Filles de la mer, de Mary Lynn Bracht (Robert Laffont)

Il est parfois plus difficile de respirer en dehors de l'eau que dans les profondeurs des vastes océans... 
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ainsi commence l'histoire de deux soeurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, où l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.
Lier Histoire, aventure et émotions, voilà le talent de l'autrice américaine Mary Lynn Bracht. Ce beau roman m'a rappelé ma lecture de Geisha d'Arthur Golden et Shim Chong, fille vendue de Hwang Sok-Yong. Une merveille. Et sachez que c'est un premier roman !


5. La Saison des feux, de Celeste Ng (Sonatine)

À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l’image de l’existence parfaitement réglée d’Elena Richardson, femme au foyer exemplaire. Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s’installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d’abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l’entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights.
La Saison des feux est un thriller psychologique absolument remarquable. Ces deux femmes, ces deux familles, ces deux "mondes" sont fascinants. Secrets de famille, manipulations, faux-semblants, quelques coups bas, la tension va crescendo et nous sommes happés dans l'histoire. Les problématiques liées aux femmes, à la maternité, au racisme même, nous touchent directement et ne nous laissent pas indifférents. Un roman sur les femmes créé par une femme talentueuse. 



6. LaRose, de Louise Erdrich (Albin Michel)

Dakota du Nord, 1999. Un vent glacial souffle sur la plaine et le ciel, d'un gris acier, recouvre les champs nus d'un linceul. Ici, des coutumes immémoriales marquent le passage des saisons, et c'est la chasse au cerf qui annonce l'entrée dans l'automne. Landreaux Iron, un Indien Ojibwé, est impatient d'honorer la tradition. Sûr de son coup, il vise et tire. Et tandis que l'animal continue de courir sous ses yeux, un enfant s'effondre. Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich, avait cinq ans.
Ainsi débute le nouveau roman de Louise Erdrich, couronné par le National Book Critics Circle Award, qui vient clore de façon magistrale le cycle initié avec La Malédiction des colombes et Dans le silence du vent. L auteur continue d'y explorer le poids du passé, de l'héritage culturel, et la notion de justice. Car pour réparer son geste, Landreaux choisira d'observer une ancienne coutume en vertu de laquelle il doit donner LaRose, son plus jeune fils, aux parents en deuil. Une terrible décision dont Louise Erdrich, mêlant passé et présent, imagine avec brio les multiples conséquences.
LaRose est un roman brillant, intensément beau, magnifique. Légendes indiennes, deuil, vengeance, transmission, liens avec la nature et l'autre monde, ce livre est tout simplement empreint de magie. Notons également que l'excellente traduction d'Isabelle Reinharez. 




7. Le Poids du monde, de David Joy (Sonatine)

Après avoir quitté l'armée et l'horreur des champs de bataille du Moyen-Orient, Thad Broom revient dans son village natal des Appalaches. N'ayant nulle part où aller, il s'installe dans sa vieille caravane près de la maison de sa mère, April, qui lutte elle aussi contre de vieux démons. Là, il renoue avec son meilleur ami, Aiden McCall. Après la mort accidentelle de leur dealer, Thad et Aiden se retrouvent soudain avec une quantité de drogue et d'argent inespérée. Cadeau de Dieu ou du diable ? 
Avec Le Poids du monde, David Joy signe une fois de plus un bijou de roman noir. L'espoir est infime. "Aiden et Thad vont bien finir par s'en sortir", enfin, c'est ce que l'on pense lorsque nous suivons leurs péripéties. En effet, malgré tout, entre ces deux amis, il y a une grande fraternité, des souvenirs drôles et heureux. Cependant, leurs échecs et leur amertume mettront à mal ce mince espoir. Puis, il ne faut pas oublier ce personnage féminin, April, la mère de Thad, qui a tant à raconter. Son histoire est tout aussi touchante que celle d'Aiden et de son fils. Et enfin, ce décor magnifique des Appalaches nous accompagne encore dans ce deuxième roman et donne un cadre poétique fascinant. 
Irrémédiablement, David Joy s'inscrit dans la lignée des grands écrivains américains d'aujourd'hui.




8. Vendetta, de R.J. Ellory (Sonatine)

Début du XXIe siècle, dans la ville suffocante de La Nouvelle-Orléans. Un cadavre est retrouvé atrocement mutilé dans une voiture de luxe. Son meurtrier lui a arraché le cœur et a marqué sur son dos la constellation des Gémeaux. Ces indices parlent au médecin légiste : pour lui, il s'agit d'une exécution dans les règles de l'art de la mafia. John Verlaine, inspecteur taciturne et solitaire, est chargé de l'affaire. On apprend rapidement que la victime était le garde du corps de Catherine Ducane, la fille du gouverneur de la Louisiane, qui a été enlevée. L'affaire revient donc au FBI. Des appels mystérieux se succèdent au central. Un homme, Ernesto Perez, se proclamant le meurtrier du garde du corps et le kidnappeur de la jeune fille, se rendra et s'expliquera à une condition : il veut parler en personne à un certain Ray Hartmann. Ce dernier revient donc de force sur sa terre natale. Ernesto Perez se livre à lui et lui raconte sa vie d'homme de main de la mafia, de La Nouvelle-Orléans à Chicago, en passant par Cuba. Mais quel est le but de Perez ? Pourquoi s'adresse-t-il qu'à Hartmann ? Où est Catherine Ducane ? Est-elle encore en vie ?
Vendetta est un excellent roman noir à l'état pur, oppressant, prenant, d'une noirceur poisseuse et sanglante. Encore une fois, armé d'un style d'écriture absolument remarquable, R.J. Ellory mêle à la fois fiction et histoire américaine d'une manière pertinente. A travers le personnage d'Ernesto Perez, un tueur à gages énigmatique, cruel et froid, nous sommes face à la réalité de la mafia, celle qu'elle était et celle qu'elle est aujourd'hui, insaisissable comme un spectre. C'est un roman fascinant sur l'identité, la loyauté, la famille et la vengeance. Encore une très belle réussite de mon écrivain britannique favori.




9. Des nouvelles du monde, de Paulette Jiles (Editions de la Table Ronde)

Après la guerre civile, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux, devant un public à ce point avide des nouvelles du monde qu'il est prêt à payer pour les entendre. Le vieil homme, veuf, qui a connu trois guerres et vivait jadis de son métier d'imprimeur, profite à présent de sa liberté pour sillonner les routes. Lors d'une étape à Wichita Falls, on lui offre une pièce d'or pour ramener une jeune orpheline à la famille qu'il lui reste, près de San Antonio. Quatre ans auparavant, des Indiens Kiowa avaient massacré ses parents et sa soeur, mais épargné la fillette, qu'ils avaient élevée comme une des leurs. A 10 ans, Johanna, les yeux bleus et les cheveux couleur sucre d'érable, vient une fois de plus d'être arrachée à son seul foyer par l'armée américaine. Le capitaine Kidd accepte cette mission, sachant combien le voyage sera long et difficile. Leur périple à travers des territoires vierges, sur des routes impitoyables, s'avère dangereux. Le gouvernement fédéral est aux mains d'une administration corrompue ; anarchie et illégalité ont pris le dessus. Le capitaine doit se méfier des voleurs, des Comanches et des Kiowas autant que de l'armée fédérale, et apprivoiser la sauvage Johanna. L'enfant a oublié l'anglais, elle tente de s'échapper à la moindre occasion, veut à tout prix se débarrasser de ses chaussures et refuse de se conduire de façon "civilisée" . Pourtant, au fil des kilomètres, elle baisse la garde pour se rapprocher de celui qu'elle nomme "Kep-Dun" . A San Antonio, un autre obstacle les attend, et le respectable vieil homme se retrouve face à un choix terrible qui décidera du sort de Johanna - mais aussi du sien. Paulette Jiles situe son roman dans un territoire à la fois beau et inhospitalier, et explore les limites de la famille, de la responsabilité, de l'honneur et de la confiance.
Des nouvelles du monde est un roman aux allures de western fascinant et intelligent. Ces deux personnages totalement opposés, Capitaine Kidd, l'ancien soldat et imprimeur, et la jeune Johanna, enfant sauvage, sont véritablement attachants. Nous voyons leur relation prendre de plus en plus d'ampleur, de force, de complicité. A travers la majesté des grands espaces américains, Paulette Jiles nous offre un roman à la fois sur les origines, la confiance, la différence. Sachez enfin que Des nouvelles du monde a été finaliste du National Book Award en 2016... Une pure pépite !

Ma chronique


10. Eclosion, d'Ezekiel Boone (Actes Sud)

Au cœur de la jungle péruvienne, une étrange et menaçante masse noire s'abat sur un groupe de touristes américains en excursion. Et les dévore vivants. Dans le Nord des Etats-Unis, un agent du FBI enquête sur le mystérieux crash de l'avion d'un milliardaire. Un peu partout dans le monde, des phénomènes anormaux et inexpliqués se produisent. Jusqu'à ce qu'une bombe nucléaire explose en Chine, transformant tout l'Ouest du pays en un vaste champ de ruines atomiques. Que contient ce colis en provenance d'Amérique du Sud, qu'une scientifique renommée, spécialiste des araignées, vient de recevoir ? Est-ce là, à l'intérieur de ce fossile qui semble lutter pour revenir à la vie après un sommeil de plusieurs milliers d'années, que se trouve la clef de l'énigme ? Roman choral et mondial, Eclosion tisse la toile d'une humanité aux prises avec une menace assoiffée de sang venue des profondeurs de l'histoire. Féroce comme ces nuées de bestioles noires qui ravagent la Terre, l'humour n'est jamais bien loin de l'hémoglobine dans ce thriller apocalyptique haletant - premier volet d'une trilogie puissamment addictive.
Ezekias Boone, alias Alexi Zentner - passionné par les araignées -, nous propose un premier tome saisissant, au rythme haletant, à la lecture addictive et aux personnages féminins charismatiques. Un humour grinçant, des bestioles noires cannibales, des personnages forts, un suspense maîtrisé, ce thriller apocalyptique a été une excellente lecture.




Pas de grande nouveauté à venir sur le blog en 2019, mais -  je l'espère - encore des chroniques littéraires, des articles sur les sorties (prochainement sortira celui sur la rentrée littéraire d'hiver 2019), des bilans lecture, etc. Je vais faire en sorte de publier régulièrement une chronique par semaine au minimum ! 

Et vous, quels sont vos coups de cœur 2018 ? 

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année entouré.e.s de tous ceux que vous aimez. 

Belles lectures et prenez soin de vous.



Bérangère