jeudi 2 juin 2016

La Mort est une femme comme les autres

"Ils n'étaient rien que des parasites qui lui pourrissaient l'existence depuis la nuit des temps, des cafards geignants avec leurs petites pattes adhérentes. Et encore, la comparaison n'était pas avantageuse pour les cafards qui avaient la décence de mourir sans se plaindre, eux."

Auteur : Marie Pavlenko
Editeur : Pygmalion
Genre : Fantastique
Date de parution : 7 octobre 2015
Nombre de pages : 193
Prix : 16 €


4e de couverture

Imaginez un monde où personne ne s'éteint.
Imaginez un service de soins palliatifs où personne ne succombe.
Imaginez un univers où la mort en a ras la faux et fait un burn out.

Emm n'en peut plus. Un matin, elle s'arrête et s'assoit. Ses bras sont de plomb, elle pèse une tonne, elle ne peut plus se lever.
En se laissant aller à son spleen, elle rencontre Suzie, une jeune femme dont la gentillesse va l'émouvoir.
Commence alors un périple extraordinaire au cours duquel Emm va découvrir la richesse de la nature humaine.

Mon Avis

J'avais lu que de bonnes critiques à propos de ce roman. Je me suis donc précipitée dessus. La Mort en burn-out avait en effet attisé ma curiosité.
J'ai découvert un court roman (moins de 200 pages) atypique, surprenant et incroyablement hilarant.

Le monde prend doucement conscience que plus personne ne meurt. La maladie et la souffrance existent encore, mais impossible de passer de l'autre côté. La raison ? Emm, la Mort, est complètement épuisée, avachie sur le canapé  "couleur rat d'égout" du dernier homme qu'elle vient de faucher. Elle se sent vidée, à plat, comme "un pneu crevé". Emm, vêtue d'une chemise noire "à motifs bassets d'Artois" et d'un short en satin rouge de pom-pom girl, a décidé de ne plus se lever, au grand dam de sa faux, qui essaie vainement de la raisonner. Pendant ce temps, le service de soins palliatifs d'Anatole est surchargé, et le chaos règne peu à peu sur la planète.
Emm, qui décide enfin à se bouger, finit par croiser le chemin de Suzie, une jeune femme de 31 ans, qui souffre d'un cancer en phase terminale. Peu à peu, au fil de ses rencontres avec des personnages singuliers, Emm change sa façon de voir les choses et découvre les bonnes facettes de la nature humaine.

Vous l'aurez compris, ce roman est extra-ordinaire. Oui, vraiment. Pourquoi ?
D'abord, grâce à ses personnages. Emm, par exemple, est un personnage excentrique, sans gêne et horripilant.

"— Pouah, ça sent la mort, ici ! éructa le concierge en se couvrant le nez de son bras replié.
— Et mon poing dans ta gueule... grogna Emm." (page 42).

Ce n'est pas exactement l'image qu'on se serait fait de la Mort de prime abord... Et cette représentation originale de la Faucheuse fait du bien !
Avec Suzie, qui est la gentillesse incarnée, on réfléchit à la peur de mourir - jeune qui plus est - et à l'essence même d'aimer. Son discours sur ces sujets sont assez brefs mais parlants. En plus de l'humour décapant, le roman nous amène à méditer sur des questions essentielles (peur ou attente de la mort, l'amour, la nature humaine au sens large, ses bons et mauvais côtés).
Quant à Joséphine Paladru, la mère envahissante d'Anatole, elle semble sortir tout droit de la comedia dell'arte. On a vraiment envie de la faire taire.
Enfin, Germain, voisin retraité de Suzie et seul depuis des années, est également un énergumène farfelu, passionné de chants tyroliens et qui a un boa comme animal de compagnie.
Bref, la palette de personnages est diverse et variée.

Ensuite, le style est fluide, la lecture est agréable. Le roman est court mais le contenu est riche. Pour ma part, contrairement à certaines critiques, je n'ai pas besoin de pages supplémentaires. Je trouve que le récit est bien comme il est, qu'il ne faut pas plus de développements. Les messages sont passés et bien compris. Par ailleurs, j'aurais bien vu le texte adapté au théâtre... ? Pourquoi pas ?

En conclusion, "La Mort est une femme comme les autres" est un roman clairement hors norme. C'est un livre qui nous amène à réfléchir sur la mort (que se passerait-il si la mort n'existait pas ? Pourquoi a-t-on si peur de mourir ?) mais aussi sur la vie et la nature humaine, ses bons et mauvais côtés.
Pour moi, lire ce livre est comme une parenthèse dans ma vie. J'arrête tout, je me pose, je  le lis, je réfléchis au rapport que j'ai avec la mort, avec la vie, sans me prendre la tête, et avec l'humour en plus, pour décompresser.
A coup sûr, je relirai ce roman de Marie Pavlenko dans quelques années... Rien de tel pour me remettre d'appoint et rire aux éclats.


Ma note : 19/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^





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