samedi 16 juillet 2016

Une putain d'histoire

"Le 22 octobre 2013, vers 5 h 45 du soir (il faisait déjà presque totalement nuit),
elle m'a dit :
"Henry, je veux qu'on fasse un break."
C'est là, sans doute, que tout s'est joué. En dernière analyse, ce sont ces moments-là qu'on retient toujours. (...) C'est en tout cas là que je l'ai perdue -
au sens propre comme au sens figuré."




Auteur : Bernard Minier
Editeur : Pocket
Genre : Thriller
Date de parution : 12 mai 2016
Nombre de pages : 600
Prix : 8,20 €

4e de couverture

"Au commencement était la peur..."
Hors des flots déchaînés, une main tendue vers le ciel. Un pont de bateau qui tangue, la pluie qui s'abat, et la nuit... Le début d'une "putain d'histoire".
Une histoire d'amour et de peur, de bruit et de fureur. L'histoire de Henry, 17 ans, que le meurtre de sa petite amie plonge dans l'enfer du soupçon. Sur son île, Glass Island, battue par les vents, cernée par la brume 360 jours par an et uniquement accessible par ferry, tout le monde connaît tout le monde, jusqu'au plus noir de ses secrets. Ou du moins le croit-on.
Quand la peur gagne, la vérité s'y perd...


Mon Avis

Dans une maison de la presse du Port Crouesty, là où j'étais en vacances, mon regard s'est porté instantanément sur le dernier thriller de Bernard Minier sorti en poche. Je ne savais pas de quoi il était question, mais voilà je l'ai acheté sans vraiment réfléchir. C'est le premier roman que je lis de Bernard Minier. Décidément, 2016 est l'année de mes premières fois livresques ! ^^ Chez moi, j'ai lu la 4e de couverture et je me suis dit "Arfff... l'histoire du copain soupçonné du meurtre de sa petite amie... Du lu et relu." Je me suis trompée. J'ai pris une claque monumentale. C'est un coup de cœur.

De quoi ça parle ? Henry, 17 ans, raconte à un homme, qui semble être son père, ce qu'il s'est passé après la mort de sa petite amie, Naomi. Lui, Naomi et ses trois autres amis vivent sur Glass Island, une île froide et humide perdue entre les Etats-Unis et le Canada. Déjà, le lieu est mystérieux, froid, boisé, obscur, et j'adore ce genre d'endroit ^^. Une carte de cette île imaginaire est même insérée au tout début du livre :


Un soir, pendant qu'ils étaient sur le ferry, Naomi annonce à Henry qu'elle souhaite faire un break. Elle sait qui il est et elle ne sait pas si elle doit se séparer de lui ou non. Henry ne comprend pas et demande des explications. Elle refuse de les lui donner. S'en suit une dispute dans laquelle Naomi manque de tomber par-dessus bord. Choquée, elle s'enfuit et se cache dans le ferry. Henry et son ami Charlie la cherchent, en vain.
Le lendemain, Naomi est retrouvée sur une plage, morte. Tous les soupçons se concentrent sur Henry, qui est devenu le suspect numéro un. Lui et ses amis tentent de découvrir par eux-mêmes la vérité.
Parallèlement au récit de Henry, on suit un autre personnage, celui de Jay, ami d'enfance et bras-droit de Grant Augustine, homme puissant, candidat aux primaires américaines. Cet homme très riche et très vicelard se sort toujours des affaires douteuses grâce à lui. Un jour, ce dernier apprend que le fils caché de Grant se trouve sur l'île de Glass Island. Grant cherche à tout prix à le retrouver. A n'importe quel prix. On devine alors aisément que ce fameux fils caché n'est autre qu'Henry.

Le petit résumé que je viens de faire annonce un thriller tout à fait banal. Détrompez-vous. "Une putain d'histoire" porte bien son nom tant elle est surprenante, sombre, morbide, étonnante.
Au fil de leur enquête, les quatre amis découvrent les secrets les plus noirs de certains habitants de l'île. On apprend aussi l'existence d'un maître chanteur qui connaît tous leurs secrets et sème la terreur parmi les habitants. De même, Henry reçoit des messages anonymes sur Facebook le désignant comme l'assassin de Naomi. Il s'aperçoit également que ses deux mères lui cachent de lourds secrets.
Nous sommes happés par son récit, déterminés comme Henry à comprendre ce qu'il s'est passé. Le récit est haletant. J'avais l'impression de regarder un film au box-office américain. L'auteur a un grand talent, il a l'art de dépeindre une atmosphère mystérieuse, obscure. Quant à la chute, elle est mémorable, stupéfiante et au combien effroyable.
Je suis passée par toutes sortes d'émotions en lisant ce livre. J'ai eu de la compassion pour Henry, j'ai tremblé de peur pour les quatre amis, j'ai eu du dégoût vis-à-vis de Grant Augustine, j'ai eu de la peine pour Henry, puis j'ai été soulagée pour lui, puis je me suis sentie dégoûtée, j'ai eu de la haine pour un personnage au point d'avoir eu du mal à lire le dernier chapitre (du point de vue de ce personnage justement). J'ai eu du mal à reposer le livre. Dès que je ne l'avais plus en mains, je n'avais plus qu'une chose en tête : me replonger dans ma lecture.

Ce qui est intéressant d'autre part, c'est lorsque le narrateur nous interpelle directement sur la notion de vie privée. En effet, Grant Augustine détient une société de surveillance très pointue, WatchCorp, qui permet de retrouver n'importe qui à partir des réseaux sociaux, des conversations téléphoniques ou de simples appareils permettant de capter tous les réseaux wifi aux alentours.

Voici un petit extrait :
"Mais que restait-il d'ordinaire quand nos opinions, nos discours, nos colères, nos échanges privés, familiaux et amicaux étaient massivement interceptés ? Que restait-il d'ordinaire quand la vie de chaque citoyen était mise à nu et scrutée par des gens cachés dans l'ombre ? (...) Et même le plus cancre des hackers de la planète aurait pu venir à bout sans difficulté du mot de passe d'un réseau wifi. Une fois dans le réseau, c'était comme si toutes les portes et fenêtres étaient grandes ouvertes, comme si les murs étaient de verre, comme si vous étiez là, au milieu d'eux - couples, familles, célibataires -, invisible... C'est Edward Snowden qui faisait la une des journaux en cet automne avait déclaré que les bébés qui naissaient aujourd'hui ne sauraient jamais ce que les mots "vie privée" voulaient dire." (pages 369-370).

Les seuls petits points négatifs sont les descriptions qui peuvent sembler un peu longues. Mais selon moi, elles sont loin d'être inutiles puisqu'elles placent le cadre de l'intrigue, elles façonnent l'atmosphère si particulière du livre. Deuxième point négatif, les points de vue extrêmement nombreux, surtout à la fin du roman où le rythme s'accélère. On a l'impression de suivre un épisode de 24 heures chrono. Dans un même chapitre, il peut y avoir 3 ou 4 points de vue différents séparés seulement par une ligne. Ca demande un peu de concentration, mais rien de grave.

En conclusion, "Une putain d'histoire" est un putain de coup de cœur. Un récit haletant, noir, machiavélique, avec une fin mémorable, inattendue, effroyable. Une intrigue bien menée, bien construite, témoigne d'un travail considérable de l'auteur fait en amont. Bernard Minier explique toutes ses recherches à la fin du livre. Si vous aimez les thrillers, IL FAUT que vous lisiez ce livre. Si vous n'aimez pas les thrillers, essayez de le lire. Il vaut le coup.

Ma note : 20/20

COUP DE COEUR





A bientôt pour une nouvelle chronique ^^












2 commentaires:

  1. J'en ai entendu beaucoup de bien, du coup j'ai plutôt bien envie de le lire. Comme quoi on peut avoir un synopsis de départ presque cliché, et finalement en faire quelque chose de super !

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    1. Oui le synopsis annonçait quelque chose de déjà vu alors je pensais m'ennuyer. Finalement, je ne me suis pas ennuyée une seconde, j'avais même du mal à lâcher mon livre ! Je te le conseille vivement :)

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