jeudi 29 septembre 2016

Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer

"Je voudrais encore nager loin avec elle. Jusqu'à ce moment où le corps brûle, les muscles, la gorge, le sang et l'âme du sang. Jusqu'à ce moment où il est clair qu'on ne pourra jamais regagner la rive."


Auteur : Agnès Michaux
Editeur : Belfond
Genre : Contemporain
Date de parution : 1er septembre 2016
Nombre de pages : 176
Prix : 18 €
Prix Kindle : 12,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Lui, c'est Samuel Cramer, l'Amiral, l'homme des grands voyages horizontaux et verticaux,
l'écrivain qui aime quand " ç'a de la gueule ", l'observateur de son époque, de sa ville et de ses
contemporains. Un homme difficile et attachant.
Elles, ce sont ses femmes, celles qu'il aime ou qu'il déteste, celles dont il rêve et qui n'existent pas.
Eux, ce sont ses amis, ses poisons, Michel Houellebecq, Sibelius, Rimbaud, Duras, Melville, Gary Cooper, Hölderlin, l'alcool, l'ennui, l'espoir, le désespoir, la provocation, la honte, l'ironie, et tout ce qu'il ne saura jamais dire.
Ce matin-là, Samuel Cramer entame une journée qu'il espère exceptionnelle. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement.
Commence alors une drôle d'errance baudelairienne...

Mon Avis

"Ecrivain" ? "Errance baudelairienne" ? Il ne m'en fallait pas plus pour solliciter cet e-book auprès des éditions Belfond. Je remercie d'ailleurs NetGalley et les éditions Belfond de m'avoir permis de découvrir ce roman avant sa parution.

J'ai découvert Les Fleurs du Mal de Baudelaire en 1ère L, il y a quelques (hum... plusieurs) années, et j'avais adoré l'étudier. Je ne suis pas une adepte de la poésie, pourtant ce recueil fait partie de mes ouvrages préférés. Donc, j'avais hâte de retrouver  Baudelaire en quelque sorte, dans le roman d'Agnès Michaux.

Ici, on suit pendant une journée Samuel Cramer, un écrivain raté, qui doit se rendre le soir même à une remise de prix littéraire dans laquelle il est nominé. Mais voilà, sa muse, qu'il a baptisée Dawn, le quitte brutalement. S'en suit une longue agonie de l'écrivain, telle une descente aux enfers.

Petit livre, mais beaucoup de thèmes abordés. Tout d'abord, le thème de l'écriture et de l'amour des mots. Cramer parle de son inspiration (des mots qui surgissent de la glaise, par exemple), de son amour des mots et de la grammaire. Il y a également moult références littéraires qui parsèment le récit et cela m'a enchantée (Milton, Zweig, Chrétien de Troyes, Goethe, Rimbaud, etc.).

On retrouve évidemment les thèmes baudelairiens par excellence : le Mal, la souffrance, la mélancolie, l'ennui, etc. De plus, Samuel Cramer est aussi le personnage principal de La Fanfarlo, nouvelle qu'a écrite Baudelaire en 1847. Comme par hasard, ce Samuel Cramer est un jeune écrivain raté qui tombe amoureux de la Fanfarlo, une danseuse. Par ailleurs, on retrouve les références aux célèbres poèmes de Baudelaire, comme "A une Passante" et "Au lecteur", ce qui m'a beaucoup plu.

Nous découvrons aussi un autre thème tout aussi intéressant : les attentats de janvier 2015. Cette journée exceptionnelle se déroule le 10 novembre 2015, mais le narrateur, pendant son errance, parle beaucoup des moments passés avec Dawn, dont ceux qui ont suivi le 7 janvier 2015. Cramer raconte comment Dawn a été affectée par ces tragédies, et comment il descend les chaînes info qui pataugent "dans le caniveau". Je suis ravie qu'un écrivain de plus mette des mots sur ces horreurs.

Mais le thème principal hormis celui de Baudelaire, est bien l'amour, plus précisément le chagrin d'amour. Samuel Cramer, nommé l'Amiral, nous paraît au début comme un écrivain raté doté d'un mauvais caractère. Puis, plus on avance dans le récit, plus il devient attachant, en proie à une souffrance immense face à l'absence de sa muse.

La plume d'Agnès Michaux est magnifique. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire tant le style est assez particulier... mais j'ai réussi à me laisser bercée par sa plume, belle, mordante parfois et poétique. Enfin, les scènes entre Cramer et le critique, puis avec Michel (Houellebecq ?) sont drôles, même si on assiste au déclin du personnage principal.

En conclusion, comme le dit Agnès Michaux, c'est une journée chargée pour Samuel Cramer. On assiste à son déclin suite à une rupture amoureuse brutale. Avec lui, on erre dans les rues parisiennes, on arrive à comprendre sa souffrance, et finalement, on en vient à apprécier cet écrivain raté affublé d'un sale caractère. On le voit s'enfoncer dans la douleur jusqu'à la soirée de la remise d'un prix littéraire, qui est assez drôle. C'est un roman écrit d'une traite par une auteure de talent, dotée d'une plume magnifique et mordante. Cependant, le style est assez particulier et ne plaira pas à tous les lecteurs. J'ai en effet dû relire plusieurs fois certains passages tant j'avais du mal à comprendre. Néanmoins, dès lors que Cramer se met à nu, crie sa souffrance, je n'ai pas pu lâcher ma liseuse tant l'émotion faisait résonnance dans les mots d'Agnès Michaux.
Si vous aimez la poésie baudelairienne ou la poésie tout court, les textes sur l'écriture, et si les romans pessimistes ne vous font pas peur, je pense que ce roman pourrait vous convenir. Pour ma part, ce roman m'a donné envie de lire les autres romans d'Agnès Michaux par curiosité, et pour retrouver sa plume si belle, mais si particulière.

Pour plus d'informations, voici une vidéo dans laquelle Agnès Michaux parle de son roman :


Ma note : 13/20

A bientôt pour une prochaine nouvelle ^^








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