mercredi 7 septembre 2016

Les Mots entre mes mains

"On peut contempler le monde dans une seule goutte d'eau. Pour cela, il suffit d'observer."


Auteur : Guinevere Glasfurd
Titre VO : The Words in my hand
Traduction : Claire Desserrey
Editeur : Préludes
Genre : Historique
Date de parution : 24 août 2016
Nombre de pages : 448
Prix : 15,90 €
Prix Kindle : 10,99 €

Rentrée littéraire 2016


4e de couverture

Helena Jans van der Strom n’est pas une servante comme les autres. Quand elle arrive à Amsterdam pour travailler chez un libraire anglais, la jeune femme, fascinée par les mots, a appris seule à lire et à écrire. Son indépendance et sa soif de savoir trouveront des échos dans le coeur et l’esprit du philosophe René Descartes. Mais dans ce XVIIe siècle d’ombres et de lumières, leur liaison pourrait les perdre. Descartes est catholique, Helena protestante. Il est philosophe, elle est servante. Quel peut être leur avenir ?
En dévoilant cette relation amoureuse avérée et méconnue, Guinevere Glasfurd dresse le portrait fascinant d’une femme lumineuse, en avance sur son temps, et révèle une autre facette du célèbre philosophe français.
Un roman de passion et de liberté qui nous plonge dans une fresque envoûtante des Pays-Bas au « siècle d’or », à la manière de La Jeune Fille à la perle.

Mon Avis

Décidément, je ne me lasse pas des romans de la rentrée littéraire de cette année. Je remercie par ailleurs NetGalley et les éditions Préludes pour m'avoir fait découvrir ce roman historique brillant.

De Helena van der Strom, on ne sait presque rien. On sait qu'elle était servante chez Thomas Sergeant, libraire anglais à Amsterdam. On lui connaît une liaison avec René Descartes, de laquelle est née une petite Francine. Elle a entretenu également une longue correspondance avec Descartes. C'est tout ce que l'on sait de cette femme. Une servante qui a appris à lire et écrire seule est plutôt inhabituel au XVIIe siècle. L'auteure a  donc décidé d'écrire une fiction centrée sur cette femme si singulière, quitte à reléguer le célèbre philosophe au second plan.

Cependant, tout les oppose. Helena est jeune, protestante pratiquante et servante. Descartes est déjà âgé, catholique (mais pas pratiquant), et philosophe érudit. Pourtant, ces deux personnages s'aiment d'un amour profond et sincère, liés tous deux par l'amour de l'écriture et par la soif d'apprendre. Mais leur avenir est incertain : Descartes est en pleine rédaction de son Discours de la Méthode. Il cherche un peu de calme pour travailler, doit se cacher pour ne pas être importuné par ses détracteurs, et travaille sans relâche. Hors de question pour lui de se marier. Lorsque Helena tombe enceinte, elle est emmenée de force à Deventer auprès d'une veuve chargée de veiller sur elle. Descartes ne vient pas la voir et ne lui écrit que quelques lettres. Seule et abandonnée de tous, Helena a soif d'indépendance. Elle veut vivre sa vie.

Ainsi, on suit le parcours d'Helena, jeune femme résolument moderne : elle sait lire et écrire. Malgré son âge, elle montre une certaine maturité, elle veut apprendre. Sa détermination et sa force impressionnent même Descartes à maintes reprises. J'ai adoré le personnage d'Helena, en avance sur son temps, mère courageuse, qui se bat pour s'extraire de sa condition de servante, même si elle ne peut s'empêcher d'appeler à chaque fois Descartes "le Monsieur"... Cette fiction permet également de voir Descartes sous un angle plus humain.

Les mots ont également une place centrale dans ce roman : les mots que tracent Helena sur sa paume, les mots en hollandais et en français parfois si proches qu'Helena s'amuse à comparer, les mots qu'Helena trace avec Descartes sur le sel jeté sur la table. Les mots ont véritablement changé la vie de notre héroïne et prennent une grande place dans son existence.

Juste un petit bémol : j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. On démarre par une scène dans laquelle Helena est emmenée de force vers Deventer. Puis, on bascule quelques années en arrière, au temps où Helena est embauchée par Sergeant. J'avais l'impression de ne pas avancer dans l'histoire, de faire du surplace. Mais lorsque la relation entre Helena et Descartes naît, j'ai eu du mal à lâcher le livre.

En conclusion, Les Mots entre mes mains est un roman historique qui montre avec cohérence et réalisme une époque tout à fait méprisante envers les femmes. Il met surtout en lumière une femme indépendante, forte, en avance sur son temps, qui a soif de vivre et d'apprendre. On suit les bons moments d'Helena, comme les pires. Ce roman nous apprend beaucoup sur cette époque des Lumières, sur le désir de liberté, sur la volonté de s'affranchir de sa condition, sur l'amour des mots. Il nous donne envie de nous replonger dans ce siècle des Lumières. Heureusement, cette édition nous offre à la fin du livre une note de l'auteure sur quelques faits historiques ainsi que des suggestions de lecture appropriées. Assurément, lorsque je relirai le Discours de la Méthode, je penserai à ce beau et doux roman.


Ma note : 18/20

A bientôt pour une nouvelle chronique ^^







2 commentaires:

  1. Dommage que mon planning de rentrée soit si surchargé sinon je me serais laissée tenter. Une très jolie chronique !

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