mardi 11 avril 2017

Sous la même étoile

"Oui, simplement mettre un terme rapide à tout ça, dire au revoir, et aller de l'avant. Décréter, le cœur lourd mais fermement, que c'est mieux ainsi ; mieux pour nous deux. Et ne plus le revoir. Rester encore six mois à New York et ne plus le revoir."

Auteur : Dorit Rabinyan
Traducteur : Laurent Cohen
Editeur : Les Escales
Genre : Contemporain
Date de parution : 02 mars 2017
Nombre de pages : 320
Prix : 21,90 €
Prix format Kindle : 15,99 €


Présentation de l'éditeur

Tout commence par le froid glacial d'un hiver à New York et tout se termine sur le sable brûlant des plages de Jaffa.
Le hasard a fait se rencontrer et s'aimer une femme et un homme qui ne se seraient jamais adressé la parole dans d'autres circonstances. La femme, c'est Liat, une Israélienne dévorée par
une nostalgie profonde de Tel Aviv. L'homme, c'est 'Hilmi, un peintre palestinien originaire de Ramallah.
À New York, espace neutre hors du temps et de la politique, Liat et 'Hilmi décident de s'immerger, le temps d'un hiver, dans un amour impossible. Commence alors une vie commune dont la date d'expiration se rapproche chaque jour un peu plus. Dans cet univers clos qu'ils se sont créé, Liat et 'Hilmi ont décidé d'ignorer les à-côtés, les différences et les fissures. Mais la réalité
finit toujours par s'imposer...

Après s'être retrouvé au cœur d'une controverse en Israël, Sous la même étoile a connu un immense succès populaire et a été salué par les plus grands. Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature, a notamment écrit : "La haine ne nous sauvera pas. La haine n'engendre que la haine, alors que l'amour est sans limites. Je suis Dorit Rabinyan."



Mon Avis



Sous la même étoile. Ce titre a un sens : la tolérance, l'égalité des Hommes malgré leurs différences. Dans un New York vibrant et cosmopolite, Liat et 'Hilmi s'aiment d'un amour fugueux et passionné. Elle est de Tel Aviv, lui de Ramallah. Le conflit actuel qui gronde entre leurs deux pays semble loin... et pourtant...


Leur rencontre marque un tournant dans leurs vies rangées. Ils ne peuvent plus se quitter. New York et ses quartiers plein de vie sont les témoins de leur bonheur. Cependant, leurs propres histoires personnelles, leurs passés troubles, empreints de violence et de peine les rattrapent. Car même s'ils vivent sous la même étoile, les frontières culturelles les empêchent de vivre pleinement leur amour. Le livre de Dorit Rabinyan nous interroge : que peut-on sacrifier par amour ? Peut-on passer outre les réflexions et injonctions de ses proches pour vivre un amour tabou ? Peut-on laisser de côté la culture de son pays pour une personne qui nous est chère ? Les esprits de Liat et de 'Hilmi, face au conflit, s'ouvrent ou bien se ferment. Existe-t-il un espoir pour leur amour ?

"A l'aube, je me suis encore souvenu de notre rencontre, du face-à-face somnambulesque dans la cuisine. De la manière qu'il eut de me déshabiller. De son souffle, de sa ferveur. Du marbre froid sur ma peau, puis de notre retour ici, lorsqu'il s'abandonna entre mes bras, épuisé, et qu'avant de sombrer dans le sommeil, j'eus encore le temps de penser tristement, pleine de remords, comme si je me languissais déjà de lui, quel dommage, quel gâchis ce sera de renoncer à 'Hilmi, combien il va être difficile de l'oublier." (p.80).

Dorit Rabinyan signe ici un beau récit actuel et au combien bienvenu dans le contexte d'aujourd'hui, où tout semble être régi par la haine et la quête du pouvoir. L'auteure parle ici d'amour, sans prendre parti pour l'un ou l'autre pays, sans préjugé. Son écriture est fluide, fine, poétique et magnifique. Il y a sans conteste des phrases absolument divines qui frappent les esprits.

"Comment dessine-t-on le visage d'un seul homme parmi d'innombrables faciès ? En combien de traits et d'adjectifs élimés ? Comment retracer son visage tel qu'il m'apparut au commencement, encore mystérieux ? Parmi une infinité d'yeux marrons - comment relier ces deux-là, doux, francs, au regard un peu perplexe, intelligent, qui en montait ? Comment dessiner des lèvres, un nez, des sourcils, un menton, tel un portrait d'abord jeté sur une serviette de bar, puis auquel on revient pour l'observer à nouveau, froidement, peut-être avec les yeux d'un des consommateurs installés à la table d'à côté, ou ceux de la serveuse qui se dirigea vers nous ?" (p.27).

Néanmoins, le style a beau être somptueux, il n'en reste pas moins truffé de longueurs. Et le rythme est, selon moi, très lent. Peut-être même trop lent. La fin est pourtant saisissante, mais le reste de l'intrigue est trop long. Quoiqu'il en soit, ce livre a également le don de nous faire voyager à travers les quartiers de New York, débordants de vie, et les terres ensoleillées d'Israël et de Palestine.

"Oui, lorsque nous déambulons ainsi ensemble, lorsque nous sommes portés à travers les rues par des vagues humaines, il semble que New York la grande - ivre, amoureuse, comme nous - allume toutes ses lumières en notre honneur, et dévoile toute sa magie pour nous plaire." (p.120).

Pour conclure, Sous la même étoile est une très belle histoire d'amour passionné, mais fragile, entre deux âmes sœurs que tout oppose. Ce livre est clairement une autre manière de considérer le conflit israélo-palestinien : l'amour est ici mis en avant, plus encore, l'auteure nous montre que l'amour est sans limite. Il me semble que c'est là, la plus belle façon de contrer la haine.


A bientôt pour une prochaine chronique ^^


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