mardi 20 juin 2017

N'envoyez pas de fleurs

"Un beau jour, au vu et au su de tout le monde, la loi a cessé de faire la loi : ce sont eux, les criminels, qui décident de qui vit et qui meurt. Nom de
Dieu - il jeta sa cigarette -, dans quoi je suis allé me fourrer ?"


Auteur : Martin Solares
Titre VO : No manden flores
Traducteur : Christilla Vasserot
Editeur : Christian Bourgois
Genre : Roman noir
Date de parution : 02 février 2017
Nombre de pages : 379
Prix : 25 €
Prix format Kindle : 18,99 €


Présentation de l'éditeur


L’action se déroule dans le Golfe du Mexique, non loin de la frontière avec les États-Unis, à La Eternidad : une ville qui porte mal son nom car ses habitants ne semblent pas voués à y faire des vieux os. Une jeune fille de dixsept ans vient d’y être enlevée. C’est un évènement parfaitement banal dans la région. Mais les parents de Cristina sont riches et puissants et, avec l’aide du consul américain Don Williams, ils ont décidé de retrouver leur fille coûte que coûte. Ils font appel à un ancien policier Carlos Treviño. Dès lors, l’enquête avance à grands pas, ce qui n’aurait pas été le cas avec la police locale. La police, justement : elle est dirigée par le commissaire Margarito González, que tout le monde craint et qui a quelques comptes à régler avec Treviño. La Eternidad, ses meurtres, ses enlèvements, sa police corrompue…composent une allégorie du Mexique contemporain. Le récit est haletant et impitoyable. Ce roman noir politique permet de comprendre au plus près les liens entre la mairie de la ville, les policiers, les syndicats, les gardes du corps des différents groupes, le consul des États-Unis, la collusion entre tous.


Mon Avis

Lectrice de romans noirs, j'avais envie de découvrir un pays que je ne connaissais pas : le Mexique. Martin Solares dépeint ici un pays dont les racines, les structures, sont toutes gangrénées par la corruption, le pouvoir, l'argent et la drogue. On assiste à une escalade de la violence entre cartels de drogue, bandes rivales et police. Un roman noir haletant que je ne regrette pas d'avoir découvert via la Masse Critique Babelio. Merci à Babelio et aux éditions Christian Bourgois !

La Eternidad, ville portuaire située sur le golfe du Mexique (et imaginaire), reflète parfaitement la situation actuelle du pays : gangrénée par la violence et l'argent sale, La Eternidad vit au rythme des assassinats, des enlèvements et des règlements de compte, tristement quotidiens.


"Quant à la police et à l'armée de La Eternidad, je te déconseille de faire appel à eux : la police vendrait son âme au diable si le diable était le plus offrant ; quant à l'armée, elle dépend des hommes politiques en place, et tu sais pertinemment pour qui ils travaillent." (p. 12).


Rafael De Leon, l'homme d'affaires le plus riche de la région, en fait aujourd'hui les frais : sa fille de 17 ans, Cristina, a été enlevée vraisemblablement par un groupe de narcotrafiquants ultra-violent, "Les Nouveaux".


Deux jours après l'enlèvement, toujours pas de rançon. Le mystère s'obscurcit et le silence des kidnappeurs se fait inquiétant. Le consul des Etats-Unis et De Leon décident d'embaucher Carlos Trevino, un ancien policier qui a refait sa vie sous une fausse identité. Il est en effet recherché par la police, notamment par le Commissaire Margarito. Sa faute? Avoir arrêté le véritable assassin de plusieurs femmes, plutôt qu'un coupable tout désigné par son chef...


"— Je me demande bien pourquoi je souris... Tu m'excuseras, mais on n'a pas encore inventé d'expression du visage pour l'horreur qu'on est en train de vivre. Les séquestrations, les exécutions, les décapitations, les fusillades, les enlèvements minute..." (p.52).


Action, rebondissements, montée progressive de la violence, humour noir, ce roman noir a tout pour plaire. Il est tout de même assez dense, mais le rythme est haletant et on ne voit pas les pages défiler.

Ce roman est également une mine d'informations précieuses sur l'état actuel du Mexique. L'auteur dénonce la violence et la corruption qui empoisonne son pays. C'est noir, cruel, drôle parfois et un peu complexe avec son exploration des systèmes corrompus, entre police et cartels de drogue.

En bref, N'envoyez pas de fleurs est un roman noir mexicain remarquable. L'enquête a un rythme haletant et sa lecture devient vite addictive. C'est très noir, avec l'ascension de la violence (agressions, corps décapités, fusillades en plein jour...), et cette cruelle emprise qu'a la corruption sur cette terre mexicaine. C'est brillant. L'auteur a le mérite de dénoncer cette violence bien trop banalisée et le pouvoir de l'argent qui gangrène le Mexique. A découvrir.


A bientôt pour une prochaine chronique ^^




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