mercredi 7 juin 2017

Terminus Elicius

"Le double continua à protester. Avec véhémence.
Et Jeanne essaya de ne plus entendre sa voix...
Depuis des années, elle essayait de ne plus l'entendre. En vain. Parfois, elle avait envie de le tuer. Tuer l'autre. Même si l'issue du combat était fatale. Pour ne plus l'entendre. Pour oublier, aussi ? Mais depuis quand la chose avait-elle envahi son âme ? Elle ne s'en souvenait pas."


Auteur : Karine Giebel
Editeur : Belfond
Genre : Thriller
Date de parution : 03 novembre 2016
Nombre de pages : 336
Prix : 15 €
Prix au format Kindle : 10,99 €


Présentation de l'éditeur

"Ma chère Jeanne,
J'aimerais que vous m'aimiez comme je vous aime.
Mais, pour m'aimer, il vous faut me connaître.
Savoir ce que je suis... Certains diront un monstre.
D'autres chercheront des explications lointaines, surgies de mon passé.
Beaucoup jugeront, condamneront.
Mais qui comprendra vraiment ? Vous, je l'espère.
Hier soir, j'étais avec une autre femme que vous.
Mais je ne suis pas resté longtemps avec elle.

Juste le temps de la tuer... "

Mon Avis

Merci à NetGalley et aux éditions Belfond !

Karine Giebel est l'une des plus grandes auteures de polar français, que je n'ai jamais eu l'occasion de lire jusqu'à présent. Terminus Elicius est son premier roman, publié pour la première fois en 2004 aux éditions La Vie du rail (collection Rail noir), puis réédité en 2016 chez Belfond. Cette réédition s'accompagne d'une nouvelle inédite, Aurore. Alors, que vaut ce premier roman de l'auteure du célèbre Meurtres pour rédemption ?

Jeanne ne connaît qu'une vie terne et insipide. La routine est ancrée dans son quotidien : tous les jours, elle prend le train à Istres direction Marseille, où elle travaille en tant que secrétaire dans un commissariat. Jeune femme solitaire, à fleur de peau, elle vit avec sa mère. Jeanne a également une curieuse personnalité : elle parle à son double lorsqu'elle est seule. A un double à l'opposé de l'image qu'elle reflète.
Sa routine se brise lorsqu'elle découvre une lettre glissée entre deux sièges dans le train, à sa place habituelle. C'est une lettre d'amour qui lui est destinée. L'auteur se prénomme Elicius. Le lendemain, ce dernier avoue dans une autre lettre qu'il a commis un meurtre la veille. Jeanne fait aussitôt le lien avec le meurtrier que tentent d'arrêter le capitaine Esposito et son équipe. Va-t-elle le dénoncer ou se laisser prendre à son jeu de séduction?

J'ai apprécié que l'auteure mette en lumière un personnage féminin profondément seul, taciturne, pris de TOC, au point que son esprit malade essaie de prendre le dessus. En effet, Jeanne parle à son "double", lorsqu'elle est confrontée à ce choix délicat : faut-il tout dire au capitaine Esposito ? Ou se laisser transporter par cet amour hautement dangereux et controversé ?
Les crises de Jeanne sont très impressionnantes, elles se ressentent dans le style de Karine Giebel.

"Calme-toi, Jeanne ! supplia la voix. Trop tard. Terrorisée, Jeanne. Dos au mur et face au mur. D’autres images, maintenant. Celles qu’il faut bannir. Celles qui tordent les tripes, qui font vomir. Le goût du sang dans la bouche, la brûlure dans les veines…"

Un style addictif, un personnage riche, complexe et fascinant, Terminus Elicius a tout pour plaire... ou presque.

En effet, j'ai trouvé les autres personnages un peu fades, ils manquaient de profondeur. J'ai eu du mal à comprendre Jeanne par moments, je n'ai pas ressenti d'émotion face au drame qu'elle a vécu. Le récit manque parfois de développements.

Cependant, Terminus Elicius reste un bon thriller addictif, au style prometteur. J'ai passé un très bon moment de lecture.

La nouvelle inédite, Aurore, est un excellent complément pour mieux comprendre certains personnages de Terminus Elicius. Par ailleurs, on peut y croiser un personnage récurrent dans cette nouvelle. Aurore relate l'histoire de deux adolescents, Alban, rejeté par ses camarades de lycée, et Aurore, profondément blessée par un chagrin d'amour. J'y ai découvert un style beaucoup plus direct, beaucoup moins hésitant que dans le roman.



"Alban, il n'est pas tout à fait comme les autres. Mais qu'est-ce que ça veut dire, au juste? Etre comme les autres... Entrer dans le moule, même s'il est trop étroit pour nous. Ne dépasser ni en hauteur, ni en largeur, n'avoir aucun relief, aucune aspérité que les autres pourraient saisir pour vous mettre à terre et vous rouer de coups.
Une branche lisse, blanche si possible, et qui sait plier au vent.
Etre comme les autres, ou considéré comme tel. Autrement dit, faire semblant d'être comme eux, pour ne pas attirer l'attention."


Une nouvelle percutante, forte en émotions, qui aborde entre autres le thème difficile du harcèlement scolaire. Je l'ai adorée et elle m'a profondément touchée.

En bref, Terminus Elicius est un premier roman : le style est parfois inégal, les personnages peu développés, mais la lecture est addictive et la chute, surprenante. La nouvelle qui l'accompagne, Aurore, a un style bien plus percutant, et elle comporte des scènes bien plus violentes. Un roman, une nouvelle : un excellent avant-goût du style de Karine Giebel. A coup sûr, je lirai un autre de ses polars.


A bientôt pour une prochaine chronique ^^








1 commentaire: