mercredi 15 mars 2017

Nuit

"La nuit, au bout, était sans fond.
La nuit, comme la neige, nivelle tout, absorbe, dissimule."


Auteur : Bernard Minier
Editeur : XO Editions
Genre : Thriller
Date de parution : 23 février 2017
Nombre de pages : 528
Prix : 21,90 €
Prix format Kindle : 13,99 €


Présentation de l'éditeur

Nuit de tempête en mer du Nord. Secoué par des vents violents, l'hélicoptère dépose Kirsten Nigaard sur la plate-forme pétrolière. L'inspectrice norvégienne enquête sur le meurtre d'une technicienne de la base off-shore.
Un homme manque à l'appel. En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Quelques jours plus tard, elle est dans le bureau de Martin Servaz.
L'absent s'appelle Julian Hirtmann, le tueur retors et insaisissable que le policier poursuit depuis des années. Étrangement, sur plusieurs clichés, Martin Servaz apparaît. Suivi, épié.
Kirsten lui tend alors une autre photo. Celle d'un enfant.
Au dos, juste un prénom : GUSTAV
Pour Kirsten et Martin, c'est le début d'un voyage terrifiant. Avec, au bout de la nuit, le plus redoutable des ennemis.

Mon Avis

J'ai découvert l'univers de Bernard Minier avec Glacé et Une Putain d'histoire. Ce dernier avait même été l'un de mes coups de cœur de l'année dernière. J'ai été heureuse de recevoir des éditions XO un exemplaire de Nuit. La couverture est magnifique, avec cette forêt enneigée, bleutée. Mais ce nouvel opus est-il à la hauteur de ses promesses ?

Dès les premières pages, nous suivons Kristen Nigaard, une inspectrice norvégienne, seule dans un train de nuit. Elle se rend à Bergen, dans une église dans laquelle une femme a été retrouvée massacrée, battue à mort. Cette technicienne qui travaille sur une plate-forme pétrolière, a été vraisemblablement piégée. Tous les soupçons se forment autour d'un de ses collègues. Lors d'une nuit de tempête, Kristen se rend ensuite sur la plate-forme pour savoir qui manque à l'appel. L'absent se nomme Julian Hirtmann. Il a laissé derrière lui des photos sur lesquelles apparaît Martin Servaz, suivi, épié ; et un autre cliché représente un petit garçon. Au dos est inscrit un prénom : Gustav. Le même prénom que celui de Mahler, le compositeur préféré de Martin et de Hirtmann. Kristen et Martin s'associent alors pour retrouver à tout prix ce mystérieux petit garçon, et le dangereux Julian Hirtmann.

Nous retrouvons donc Martin Servaz, toujours aussi taciturne, aussi solitaire, mais toujours aussi bon enquêteur. Une expérience terrible va pourtant le transformer. En effet, après cela, il se sentira encore plus seul qu'auparavant et ne sera plus vraiment le même. D'ailleurs, dans Nuit, Martin Servaz va connaître énormément de déboires, entre grave accident, affaires de viols, confrontation avec la police des polices...

Kristen, quant à elle, est un nouveau personnage qui a des similitudes avec Martin : elle est énigmatique, froide, solitaire, compétente. Elle porte en elle aussi un passé tragique. Personnellement, j'ai adoré ce personnage et le duo qu'elle forme avec Martin.


"Assise dans l'un des sièges face au grand bureau de Stehlin, elle s'était retournée pour le fixer par-dessus son épaule. Un regard froid, analytique, professionnel. Il eut la désagréable sensation d'être disséqué. Flic, conclut-il. Elle ne souriait pas. Ne faisait aucun effort pour paraître sympathique, la moitié du visage éclairée par la lampe sur le bureau, l'autre dans l'ombre." (p.113).

J'adore la profondeur et la complexité des personnages principaux de Bernard Minier. Ce personnage féminin est déterminé, n'a pas froid aux yeux, et en même temps, il peut se révéler fragile. J'adore ce type de profil.

Dans Nuit, Martin sera confronté de nouveau à Hirtmann, et un lien profond va les unir malgré lui. Le thème du bien et du mal est à nouveau évoqué dans ce cinquième roman. Il nous amène à réfléchir sur la nature humaine, sur le mal et le "pouvoir" qu'il procure aux meurtriers.

Comme le titre l'indique, la nuit prend une place conséquente dans l'intrigue, puisque les scènes cruciales se produisent pendant la nuit. Tout ça pour une excellente raison : la nuit est chargée de symboles, elle est angoissante, source d'illusions, de peurs, de mélancolies ; et c'est aussi là que cohabitent rêves et cauchemars, raison et déraison. Bref, il règne dans ce livre une tension palpable, avec beaucoup d'action et de rebondissements, mais tout en conservant un rythme idéal, ni trop haletant ni pas assez.

La nuit et la montagne sont deux éléments de la nature qui dominent le décor, au point parfois d'en devenir des personnages à par entière :

"Dès qu'il quitta l'autoroute, il se retrouve plongé dans la campagne noire et lugubre, là où le lien entre les individus se distendait, où la lune était bien souvent la seule clarté visible. Puis la nuit des montagnes l'engloutit. Il remonta la même vallée ample que précédemment, comme s'il filait entre de grands temples en ruines, écrasé par cette double présence : celle de la nuit et celle des montagnes." (p.189).

D'autre part, j'ai adoré les petits clins d'œil qui se rapportent aux autres romans de Bernard Minier. Petite parenthèse utile, il n'est pas nécessaire d'avoir lu les trois premiers volets pour lire Nuit. On croise Xavier, le psychiatre de Glacé et Cathy, la proc du même livre. Irène, un autre personnage de Glacé, y est mentionnée. Et ces petites allusions à Une Putain d'histoire, m'ont fait sourire.

Nuit est aussi un roman qui s'inscrit dans l'actualité. Le narrateur mentionne la tuerie de l'île d'Utoya, en Norvège, qui a fait 69 victimes en 2011. La propagande de Daech via Internet est également évoquée. Ce n'est pas non plus le thème principal du roman, mais le climat actuel est tout de même bien retranscrit.

Comme dans Glacé et dans Une Putain d'histoire, j'ai été enchantée de croiser des références littéraires et artistiques. Par exemple, il est question des Histoires extraordinaires d'Edgar Alan Poe (et plus précisément de la nouvelle "La Lettre volée", qu'il faut que je relise), de l'Ile au trésor, de Jack London et du peintre Egon Schiele (que j'adore). Ces références enrichissent le roman et ces petits détails font toute la différence.

Quant au style, il reste remarquable. L'auteur sait créer une atmosphère sombre, une tension presque palpable, sans plomber le rythme avec de trop longues descriptions. Je ne me suis pas ennuyée un seul instant. La fin est inattendue, bluffante et m'a réservé une triple claque. J'ai été époustouflée par cette histoire rocambolesque, angoissante, étonnante, bouleversante. On oscille entre émotions, angoisse et frayeur. Le suspense est hautement maîtrisé. J'ai eu du mal à lâcher le livre, tellement je voulais découvrir le dénouement.

Pour conclure, Nuit est un thriller exaltant, une putain d'histoire rocambolesque, une épopée époustouflante sur la recherche d'un grand criminel et d'un enfant en danger. Des personnages complexes et troublants, un suspense maîtrisé, un décor angoissant, une atmosphère sombre, de l'action, des rebondissements, une fin stupéfiante. Une vraie réussite. Nuit est classé numéro 1 des ventes en ce moment, et je trouve que c'est amplement mérité. Encore une fois, bravo Monsieur Minier. 


Un grand merci à XO Editions.

Mes chroniques sur Glacé et Une Putain d'histoire

Bonus : l'interview de Bernard Minier sur RTL (au passage, super émission de Bernard Lehut 😍)





A bientôt pour une prochaine chronique ^^














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