mercredi 22 mars 2017

Ragdoll

"Perchée à la pointe du dôme d'Old Bailey, la statue de la Justice ne lui apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d'intégrité, mais pour ce qu'elle était vraiment : une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide
et à s'écraser sur le sol."


Auteur : Daniel Cole
Titre VO : Ragdoll
Traducteur : Natalie Beunat
Editeur : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire
Genre : Thriller
Date de parution : 09 mars 2017
Nombre de pages : 464
Prix : 21 €
Prix format Kindle : 14,99 €


Présentation de l'éditeur

Un "cadavre" recomposé à partir de six victimes démembrées et assemblées par des points de suture a été découvert par la police. La presse l'a aussitôt baptisé Ragdoll, la poupée de chiffon.
Tout juste réintégré à la Metropolitan Police de Londres, l'inspecteur " Wolf " Fawkes dirige l'enquête sur cette effroyable affaire, assisté par son ancienne coéquipière, l'inspecteur Baxter.
Chaque minute compte, d'autant que le tueur s'amuse à narguer les forces de l'ordre : il a diffusé une liste de six personnes, assortie des dates auxquelles il a prévu de les assassiner.
Le dernier nom est celui de Wolf.



Mon Avis


Plébiscité par la Griffe Noire, et numéro 1 des ventes Amazon (section roman noir), Ragdoll est le thriller phénomène du moment. Alors, rien de plus normal pour moi que de m'y intéresser de près. Quelles sont mes impressions après ma lecture ? Je vous en parle maintenant.

Tout commence en 2010, à Londres, lors du procès du Tueur Crématiste, un serial killer qui droguait ses victimes, des prostituées de 14 à 16 ans, avant de les immoler. Pour l'inspecteur Wolf en charge de l'enquête, nul doute, Naguib Khalid est le tueur. Mais lorsque ce dernier est proclamé non coupable, Wolf devient incontrôlable. Il se jette sur lui avec une sauvagerie et une violence inouïes. "Il lui défonça plusieurs côtes, à coups de pied, à coups de poing, jusqu'à s'en faire saigner les phalanges." La vie de l'inspecteur bascule : il perd son job, sa femme, sa réputation.
2014, alors que Wolf récupère ses fonctions, un "cadavre" est découvert dans un appartement londonien. Le summum de l'horreur... il est composé de six morceaux de corps différents, tous reliés grossièrement par des énormes points de suture. Pour Wolf, une chose est certaine : la tête est celle de Khalid. Plus inquiétant, l'index de la créature pointe vers l'appartement de Wolf...
Le même jour, Andréa, l'ex-femme journaliste de notre inspecteur, reçoit une liste de six noms et de dates. Les prochaines victimes du tueur. Et Wolf est le dernier sur la liste...

"Il fallu un bon moment à Wolf pour identifier ce qui était le plus déconcertant dans la scène surréaliste qui s'offrait à ses yeux : une jambe noire attachée à un torse blanc. Incapable de comprendre ce qu'il contemplait, il s'avança. Peu à peu, il remarqua les énormes points de suture qui reliaient des morceaux de corps mal assortis, la peau étirée là où elle avait été percée ; une jambe d'homme noir, une jambe blanche ; une grande main d'homme d'un côté, une main fine et hâlée de l'autre ; une chevelure noir de jais emmêlée qui retombait de manière perturbante sur la poitrine menue et couverte de taches de rousseur d'une femme."

Tout d'abord, l'intrigue est formidablement bien menée, sordide à souhait, et dotée d'un suspense redoutable. Elle m'a fait penser au Chuchoteur de Donato Carrisi que j'avais adoré. Il y a une course contre la montre effrénée, un véritable page-turner et un suspense permanent, du début à la fin. J'ai été époustouflée, et totalement happée par  la poursuite rocambolesque d'un serial killer hors du commun.

S'il y a un élément important qui a donné un vrai souffle au roman, c'est bien l'humour. En effet, car à côté de l'horreur qu'inspire ce "cadavre", l'auteur a su donner une profondeur à ses personnages avec l'humour, notamment l'humour entre collègues. Les réflexions, les piques qu'ils se jettent à la figure sont juste délectables. Je trouve que le récit est plus vivant, et le quatuor Wolf-Baxter-Edmunds-Finlay en devient attachant.

"— [...] J'ai l'agent de police Castagna au bout du fil pour vous. C'est au sujet d'Andrew Ford.
— Je le rappellerai, dit Wolf.
— C'est urgent, il menace de sauter par la fenêtre.
— Castagna ou Ford ?
— Ford.
— Pour s'échapper ou se suicider ?
— Du quatrième étage ? Je dirais, cinquante-cinquante."

Wolf, le personnage principal, est un personnage étonnant, qui a des principes, des valeurs, mais qui est aussi capable de basculer dans une folie destructrice. Parfois, j'ai eu du mal à comprendre ses ambiguïtés, cependant il n'en reste pas moins touchant. Sa co-équipière, Emily Baxter, est un personnage que j'ai bien apprécié. Elle n'a pas froid aux yeux et a de la répartie, surtout face aux journalistes, qu'elle ne porte pas dans son cœur.
"— Si vous laissiez tomber ce rictus stupide et me racontiez pourquoi on ne pouvait pas se rencontrer à votre bureau ? [...]
— Dans la presse, on n'aime pas trop voir des flics fouiner un peu partout dans nos locaux. Pourquoi pas votre bureau ?
— Dans la police, on n'aime pas trop voir des journalistes fouille-merde, suffisants et qui - puent l'après-rasage fouiner un peu partout dans nos locaux. Voilà pourquoi."

Ce que j'ai apprécié également, c'est le point de vue des médias face à l'enquête. L'auteur nous offre une vision des médias extrêmement négative : face à l'horreur, les médias ne reculent devant aucun scrupule pour faire exploser l'audimat. Il nous montre ici le très mauvais côté des médias, et leur total manque de respect face aux victimes.

Enfin, il est temps d'aborder un point qui fâche : la fin. Les uns l'ont beaucoup aimé, d'autres moins. J'ai trouvé ce dénouement mitigé, légèrement exagéré, trop "théâtralisé". Dommage, car l'intrigue était si bien ficelée, tellement bien orchestrée. Néanmoins, la toute scène finale ne m'a pas déçue. Je l'ai trouvée même magistrale, saisissante et déstabilisante.

Pour conclure, Ragdoll est un premier roman prometteur, à l'intrigue magistralement bien menée, avec un page-turner redoutable, un suspense permanent, une course contre la montre saisissante. J'ai apprécié également l'humour de l'équipe de choc, qui côtoie habilement l'horreur qu'inspire la créature, Ragdoll. Même si le final est légèrement exagéré et trop théâtral à mon goût, j'ai passé un excellent moment de lecture. Assurément, je lirai le deuxième tome de cette série référence. Merci la Bête.

Un grand merci à NetGalley et à la Bête Noire !


Bonus : "Daniel Cole nous parle du projet Ragdoll", par les éditions Robert Laffont.



A bientôt pour une prochaine chronique ^^



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