dimanche 6 mai 2018

Premières lignes #37 : "Je sens grandir ma peur" de Iain Reid

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...

Aujourd'hui, je vous propose de découvrir les premières lignes de l'étrange livre que je lis actuellement, Je sens grandir ma peur de Iain Reid. C'est un premier roman, un thriller psychologique pour être plus précise. J'en suis pour l'instant à plus de la moitié, et ce livre est aussi étrange que fascinant... et angoissant. Bonne lecture.... Brrrrr... ^^


J'ai peur. Je me sens un peu fou. Je ne suis pas lucide.
Les hypothèses sont justes. Je sens grandir ma peur.
Un garçon et une fille, dans une voiture lancée à travers la campagne enneigée. Il est absorbé par la route, elle est perturbée par des souvenirs brumeux, ainsi que par d'incessants appels provenant de son propre numéro. Parfois, ils parlent. S'aiment-ils ? Quelques heures plus tard, les voilà attablés face à leurs hôtes, ses parents à lui, dans une ferme reculée. La maison est glaciale, la mère se plaint d'entendre des voix, le couple stocke au sous-sol des peintures inquiétantes. Le fossé entre les deux amants se creuse, sous le poids de tous les non-dits. Et il y aussi cette angoisse, qui a point et ne cesse de grossir, jusqu'à ce que se produise l'innommable... 



      Je songe à en finir.
      Une fois que cette idée est là, elle reste. Elle s'accroche. Elle persiste. Elle domine. Je n'y peux rien. Croyez-moi. Elle ne s'en va pas, que je le veuille ou non. Elle est là quand je mange, quand je vais me coucher, quand je dors, à mon réveil. A tout moment, elle est là. A tout moment.
      Il y a longtemps que c'est en moi. C'est une idée nouvelle, et pourtant ancienne. D'où vient-elle ? Et si elle n'était pas de moi, mais avait été implantée dans mon esprit - préconçue ? Une idée inavouée manque-t-elle pour autant d'authenticité ? Je le savais peut-être depuis le début. Peut-être était-ce le destin.
      Un jour, Jake m'a dit : "Parfois, une pensée est plus près de la vérité, de la réalité, qu'un acte. On peut dire n'importe quoi, faire n'importe quoi, mais on ne peut pas falsifier une pensée."
      On ne peut pas falsifier une pensée. Et ma pensée, c'est ça.
      Cela m'inquiète. J'aurais peut-être dû prévoir comment ça se terminerait pour nous. C'était peut-être écrit.



Je sens grandir ma peur (I'm Thinking of Ending Things), Iain Reid, traduit de l'anglais (Canada) par Valérie Malfoy, Presses de la Cité, 12 avril 2018, 208 pages, 18 €, format Kindle : 12,99 €.


Je vous souhaite un très bon dimanche :)

A demain ^^




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