dimanche 19 novembre 2017

Premières lignes #16 : "Et au milieu coule une rivière" de Norman Maclean

Ce rendez-vous hebdomadaire a été créé par Ma Lecturothèque.

Le principe est simple : il s’agit de présenter chaque semaine l’incipit d’un roman.

Ce rendez-vous est très intéressant car il nous permet de découvrir en quelques lignes un style, un langage, un univers, une atmosphère.

On choisit le livre que l'on veut : un coup de cœur, une lecture actuelle, un livre de sa PAL, un emprunt à la bibliothèque...


Désirez-vous lire les premières lignes d'un grand classique de la littérature américaine ? Cela tombe bien, les éditions Rivages rééditent le roman de Norman Maclean (1902-1990), Et au milieu coule une rivière. Cette nouvelle édition est préfacée par le grand Robert Redford, qui a adapté le roman au cinéma en 1991. 
C'est parti !



Classique de la littérature américaine, ce texte bouleversant raconte l'enfance de Norman Maclean dans les Rocheuses, au sein de paysages magnifiques dont chaque relief transforme en profondeur les êtres qui y vivent. La famille et la nature apparaissent comme les piliers originels de Norman et Paul, le frère adoré, pêcheur hors pair, irrésistible mauvais garçon. Un dialogue silencieux s'instaure avec les rivières et les montagnes, qui apprennent plus que les mots eux-mêmes. Avec un talent et une poésie exceptionnels, Maclean capture la lumière bénie des jours disparus.



     Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement la distinction entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitions dans l'ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué, à mon frère et à moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre - ce dont nous étions intimement persuadés tous les deux - que les meilleurs pêcheurs du lac de Tibériade étaient tous des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche.
     Certes, un jour par semaine était entièrement consacré à la religion. Le dimanche, nous commencions par aller, mon frère Paul et moi, à l'école du dimanche. Ensuite nous assistions au culte du matin pour entendre notre père faire son sermon. Le soir, nous allions aux réunions de "l'Aide au prochain", puis au culte du soir pour entendre notre père faire son second sermon. Entretemps, le dimanche après-midi, nous devions passer une heure à apprendre par cœur le Petit Catéchisme de Westminster et le réciter à notre père avant de pouvoir l'accompagner sur les collines où il allait se promener pour se détendre entre les deux offices. Il se contentait toujours, en fait, de nous poser la toute première question du catéchisme : "Dans quel but l'homme a-t-il été créé ?" Pour que l'autre puisse continuer si l'un de nous deux avait un trou, nous répondions tous les deux en chœur : "L'homme a été créé pour glorifier Dieu et jouir de Lui éternellement." Cela semblait toujours lui suffire, ce qui se comprend étant donné que c'est une réponse magnifique. Et puis il avait hâte de se retrouver là-haut pour réparer ses forces spirituelles et faire le plein d'énergie pour le sermon du soir. Sa façon à lui de se regonfler à bloc, c'était de nous réciter des morceaux du sermon qu'il allait faire, agrémentés de tel ou tel passage particulièrement réussi du sermon du matin.


Et au milieu coule une rivière (A River Runs Through It), de Norman Maclean, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier, Editions Payot & Rivages, 173 pages, novembre 2017, 19 €, format numérique : 12,99 €.

Je vous souhaite un très bon dimanche et de belles lectures :)

A demain ^^




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